dimanche 7 avril 2013

Y croire...


Dans une autre vie, j’avais tenté l’eutonie. Puis, quelques années plus tard j’ai eu ma période Qi gong. C’était bon. Bon pour moi, pour mon corps pour ma tête de psychoteuse professionnelle. Les séances hebdomadaires étaient une bulle d’oxygène. Je plaquais enfants et mari sans regrets pour aller m’occuper juste de moi. En quelques minutes, je devenais un chamallow, une petite boule de pâte à modeler, laissant tous les soucis s’échapper de la cage, filer loin, loin ailleurs. Je sortais légère, comme si j’avais déposé l’armure qui enserrait mon corps et le maintenait dans la posture de l’épouse parfaite que je n’avais pas envie d’être. Totalement réceptive. Totalement disponible à la voix qui guidait les exercices, je faisais le plein de bien-être nécessaire à ma vie.
Longtemps après, seule, j’ai continué à faire les exercices. Le soir sous ma couette, allongée dans le noir, les yeux fermés, je suivais le chemin de toutes les tensions dans mon corps et les éliminais petit à petit. Je finissais par m’endormir sereine. Mais. Il y eut un moment où les soucis, les difficultés, n’ont plus pu laisser la place à la détente. Plus possible. Je commençais mon auto-relaxation, et n’allais jamais plus loin que le bout de mon nez. Des mots fusaient dans mon cerveau, balayant les tentatives de faire le vide. A peine en étais-je à la prise de conscience de mes appuis, que le découvert bancaire, les lettres de mise en demeure, balayaient tout sur leur passage. Je recommençais encore et encore, remontais au front et essayais de le décontracter, mais en pure perte… J’étais désespérée de ne même plus trouver ce bonheur là. J’avais renoncé.
Ma bonne fée homéopathe est heureusement passée par là. Elle organise des séances de sophrologie caycedienne. J’avais un peu hésité à m’inscrire, de peur de tomber dans une secte bizarre.
Je me suis tout de même inscrite, un peu dubitative je dois le dire. Une journée entière. Un groupe de huit personnes en recherche de bien-être. Et mon homéopathe sophrologue. La première heure, le tour de salle où chacun explique ce qu’il vient chercher, les explications du pourquoi du comment de Caycedo m’ont largement gonflée. Je ne suis pas très patiente. J’aimerais qu’on en vienne au fait sans passer pas trente six chemins. Quand au bout d’une heure de bla-bla tout le monde s’est allongé et s’en est remis à la voix de la thérapeute, j’ai enfin senti que j’y étais. Et j’ai tout de suite retrouvé ma capacité de m’en remettre à cette voix. Je suis passée de ma respiration à mon front à mon nez à tout le reste de mon corps sans aucun décrochage. Au contraire, si un souci tentait une incursion, il ne faisait que passer sans jamais s’installer en moi. La voix  me guidait et je lâchais doucement toutes mes tensions. Alors la larme. De mon œil droit, tout doucement elle a coulé. Elle a filé sur ma joue. C’était bon, je ne la retenais pas. Tant de choses étaient dans cette larme-là. Tant d’années. Tant de douleurs. Tant de colères. Tant de souffrance.
Quand ce fut terminé, quand nous nous sommes assis, je pleurais encore. J’avais cru que plus jamais je ne pourrais lâcher ainsi. Et puis le point douloureux dans mon dos. Ce point de mon sacrum que je peux situer au centimètre près, ce point là avait disparu. Je me tortillais sur mon siège pour tenter de le retrouver, je le cherchais en changeant de position et ne le retrouvais pas. Je n’osais pas vraiment y croire. Les miracles ça n’existe pas, il allait revenir. Comment juste en s’allongeant et en masturbant mes neurones, avais je réussi ce que ni l’ibuprofène, ni la codéine, n’avaient réussi à guérir ?
Toutes la journée et pendant les deux ou trois jours suivants, j’ai marché légère, je n’avais plus de dos, ou plutôt j’avais un dos que je ne sentais plus.
Bon, mes ados se sont bien chargés de mettre à mal ce nouvel état. Je n’avais pas trouvé assez de ressource pour que s’installe la sérénité. J’ai à nouveau senti le point dans mon sacrum. Je sais maintenant avec certitude que mon corps peut se contracter à l’extrême face aux difficultés de la vie. Je peux arriver à verrouiller mon dos pour n’en faire qu’une douleur. Je sais aussi avec certitude que j’ai aussi le pouvoir de faire lâcher cette tension. Je dois y travailler maintenant.  J’ai décidé de m’inscrire aux séances hebdomadaires. Elles commenceront bientôt.
En attendant, j’ai trouvé sur you tube des tas de vidéos, des plus sérieuses aux plus fantaisistes, des plus décontractantes aux plus crispantes, de  sophrologues et de pseudo-sophrologues. Chaque soir, chaque matin, je m’en remets à des voix, et je laisse mon corps aller vers un bien-être qui peut tantôt me faire trouver le sommeil, tantôt me donner de l’énergie. Une fois encore il y a quelques jours, la larme à coulé.  Et pendant deux jours encore, je n’ai plus senti mon dos.
Cet après-midi, posée sur un petit lit que j’ai installé sur ma loggia, j’ai même réussi à faire ma séance sans la voix de you tube, juste avec ma volonté.
Je compte sur les séances hebdomadaires pour m’apporter le recul, la sérenité, et le bien-être que dix ans d’anti dépresseurs avaient maintenu de manière tout à fait artificielle.
J’y crois.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire