vendredi 16 mars 2012

Petite rebellion




Le Narkéotrafiquant, est rebelle.
Il n’a pas pour habitude de se laisser marcher sur ses chaussures de sécurité.
Quand le narkéotrafiquant n’est pas d’accord, il brandit la truelle, le casque, et crie qu’il faut pas lui casser les fouilles.
Lundi prochain, notre bon Seigneur et maître interrégionnal, nous convie à fêter dans un amphithéâtre les 20 ans de notre grande région et les dix ans de notre Institut. Petit déj offert, puis grand messe bilan et perspectives, buffet de verrines, et bon vin, suivront, qui seont suivis le temps de la digestion par une série de cinq interventions de collègues triés su le volet, plutôt affiliés à des UMR, docteurs pour la plupart, et travaillant sur des sujets aussi capitaux que l’espace rétro-molaire chez l’homme de néandertal ou l’ impact des processus post-dépositionnels sur les assemblages anthracologiques…. T’vois c’que je veux dire, non ??? Word, il voit pas non plus, il me met du correcteur d’orthographe sous tous les mots… Moi, je vois mais ne risque pas de l’expliquer.  En tout cas, t’imagines comment on va pas se marrer à cette fête en l’honneur de notre Institut.
En tout cas, ce que je peux expliquer c’est comment on va te saboter la fête.
Ca fait trois jours qu’on prépare la « surprise » du chef.
Parce que la « fête » finalement, y’a pas trop de raison de la faire depuis quelques années chez les narkéotrafikants. Parce que même si le narkéotrafik est une préoccupation de pays nanti, c’est quand même une belle vitrine pour un pays. Et si quand tu vas à Rome ou à Constantine, ou à Alexandrie, tu prends ton pied à visiter des sites, ben c’est la même chose dans ton pays. Y’a plein d’endroits qui racontent ton histoire et celle de tes ancêtres, et si on perd ça on perd note patrimoine.
Alors c’est sûr on ne révolutionne pas la science, mais un pays qui n’aime pas son histoire, ça ressemble à quoi.
Et dans notre pays depuis une vingtaine d’années, on a tendance à faire passer le profit devant tout.
Les narkeotrafikants ça fait longtemps qu’ils existent, qu’ils grattent la terre un peu partout dans ton pays. Quand dans les années 70-80, on s’est rendu compte que l’urbanisation allait dégommer une partie de notre passé, on a mis les narkéotrafikants sur le coup. Le grand ministère de la culture a alors fait venir à lui les jeunes étudiants en histoire et pas attirés par le professorat, pour leur proposer de les employer à gratouiller partout. Ca se faisait de bric et de broc, on t’employait quelques mois, quelques semaines et on te montrait le chemin de l’ANPE, puis si t’avais été bon la première fois, on te rappelait quelques temps plus tard. Et tu étais top heureux d’aller narkéotrafiker. Tu t’appelais contractuel ou vacataire, et tu bossais dans une association qui bossait pour l’état. Quand j’ai mis le pied dedans en 86, c’était comme ça que ça marchait.  Je suis partie pour 10 mois, puis, encore six, puis j’ai retrouvé les bancs de l’ANPE, et puis je suis revenue encore, et re-ANPE, et comme ça jusqu’en 93. Là, ça commençait à grogner dans les rangs de la précarité, et on a été obligé de cdéiser les plus actifs.  C’était sans compte le « coup de main » qu’allait nous filer la droite. Tous ces gratteurs qui trouvaient plus des cailloux et des os partout, étaient vraiment des empêcheurs de tourner en rond. Fallait un peu que les grands bâtisseurs du siècle y trouvent leur compte. Et surtout qu’on fasse ne pas trop chier, qu’on ne ralentisse pas le développement de l’aménagement du territoire. Alors on nous a créé notre institut, pour nous montrer qu’on allait s’occuper un peu de nous. Mais ne même temps, on nous a inventé la concurrence, des lois, qui nous obligeaient ne pas nous prendre pour des caïds. Et un peu qui petit à petit donnait à la science, à la recherche une part de plus en plus congrue.
Aujourd’hui, le but est de gratter le plus vite possible, de libérer les terrains, pour faire place aux bulldozers. Les budgets s’amenuisent d’années en années, les concurrents nous bouffent la gueule et n’ont qu’une envie c’est de nous voir disparaître.
Aujourd’hui, un administrateur avide de pouvoir, voulant tout diriger, fait peser  pression et harcèlement sur son personnel, jusqu’à les amener au bord du suicide pour certains.
Alors la fiesta du chef, on va lui faire mais genre on inverse les rôles. Café et croissants avales, nous l’installerons dans l’amphi pour lui raconter notre histoire. Car lui, quand on faisait nos armes, il était sur les bancs de l’ENA. Puis il a compté des arbres dans les forêts tropicales, et a fini par aller en planter dans une pépinière. Maintenant installé dans son grand fauteuil, il sourit gentiment, et a échangé les arbres contre des narkeotrafikants.
Lundi c’est nous qui nous installerons sur la chaire, nous qui tiendrons le micro, nous qui manieront le power point, nous qui ferons bilan et perspectives.
Lundi ce sera donc JOUR DE FETE pour nous.
QUE LA FETE COMMENCE !!!





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