lundi 31 janvier 2011

Ami entends tu ?

Jamais ressenti cette chose-là avant. Sur les blogs. Au boulot. Dans la rue. Un ressenti général. Ce long hiver, cette lassitude du froid, de la grisaille, des journées courtes, du manque de soleil… Et puis cette révolte, ce dégoût, cet écœurement, ce ras le bol du nain et de sa bande de naze, de mis en examen, de condamnés qui restent en poste, et la même révolte, le même dégoût, et le même écœurement face à ces socialistes qui ne se mettront jamais d’accord, qui veulent tous la place, et qui vont sûrement perdre, alors qu’en face toutes les conditions sont réunies pour un dégagement direct…. Les mêmes paroles lues, entendues de tous côtés, il fait froid, on se fout de notre gueule, on n’a pas envie de donner nos voix à ces mecs, ni à ceux-là, mais on ne sait pas à qui on va les donner…


Y’a de la lassitude dans l’air, y’a du désespoir dans l’air.

Là-bas de l’autre côté de la méditerranée, c’est la révolte, c’est la révolution, il fait chaud, ça gronde, on casse tout pour peut-être reconstruire….

D’ici on regarde au loin et on se demande si un jour ça arrivera chez nous.

Un printemps qui gronde.

Un choix véritable de voter pour des politiques dans lesquels on croit, qu’on aime, et pas le choix du moins pire.

On a envie d’enthousiasme, de soleil, et de lendemains qui chantent…

dimanche 30 janvier 2011

Je veux voir le printemps

On finit par oublier. On finit par s’oublier. On s’en tient à un strict minimum. On se contente de laisser passer les heures. On ne se lève pas pour ne pas sentir le froid. Sous deux couettes il fait chaud. On se colle à son bouquin, on se colle à son ordi portable, on va dans les vies des autres. On se plonge dans un film idiot. On sait que sortir, c’est dépenser le peu qu’on a ou qu’on n’a pas, d’ailleurs. Aller chez les amis, c’est prendre sa voiture, ou payer un billet de tram, c’est arriver avec une bouteille ou un gâteau. Mais pas seulement soi-même. Téléphoner c’est dépenser ses unités. Une promenade en ville finit toujours à l’abri d’un café. Un café c’est quelques pièces qui manqueront peut-être pour le petit dej de la lutine un matin.
Alors on reste là et on laisse passer les heures. On se lave un peu à l’eau glacée, vite fait ; le minimum aussi parce que c’est tellement dur l’eau glacée. On branche sa radio ou sa télé pour ne pas rester dans le silence total. Et ce qu’on se force à oublier c’est la faim. Parfois elle se signale comme un truc qui traverse l’estomac, on sent qu’il est là et qu’il est vide. Je crois que le mien est devenu plus petit depuis quelques semaines. Il réclame moins. Et s’il s’emplit il ne supporte plus le surplus. Il rejette sans autre forme de procès. Le peu devient lourd. Le peu ballonne et pèse comme du plomb. Durant cette quinzaine sans les tdc, il n’y a pas eu un repas. Pas un seul. Juste trois invitations d’amis. Et je suis sortie repue. Lourde. Trop lourde. La digestion est lente, paresseuse, fatigante. C’est drôle ! Je mange, et j’y ai plaisir. Je déguste, et je veux finir l’assiette que l’on m’a donnée. Mais finir c’est trop maintenant. Le midi, dans la cuisine avec mes narkeotrikants de collègues, je fais bonne figure et je mange. Mais là aussi c’est trop. J’ai fini par là aussi, me contenter d’un thé, d’un potage lyophilisé, d’un fruit, ou d’un yaourt. Je ne pourrais pas dire que c’est difficile. C’est bizarre tout simplement. Parfois, un verre d’eau, parfois, un thé chaud sucré, une petite tombée de coquillettes, ça suffit. On repart un peu réchauffé, un peu empli à nouveau. Ce n’est pas si important après tout ! Tout reviendra un jour comme avant, j’y crois, je veux le croire. C’est ma vie de maintenant c’est tout. Ma quinzaine seule doit être sans aucune fantaisie, car la suivante avec les tdc doit approcher du normal. Demain j’irai faire un petit chariot de course. Et je serai fière d’avoir serré mon estomac pour nourrir mes enfants. Je serai heureuse de réussir à leur donner ce dont ils ont besoin. Ce ne sera pas extraordinaire, mais ils mangeront tous les jours. Demain soir il y aura du beurre et du lait, des pâtes, des tartines et du jus d’orange et aussi du coca.


Etre parent c’est aussi porter seul la responsabilité de ses actes et de ses bêtises et surtout essayer d’épargner ses enfants. Je suis seule à devoir le faire.

Je ne me sens pas pauvre. Je me sens en difficulté, je me sens parfois démunie et en danger. Mais pauvre non. Car ma force intérieure est ma richesse, ma volonté de passer outre la faim et le froid, me font être là encore.

Grey's anatomie

Bilan d’une semaine. Entre gris clair et gris foncé. Avec deux petites touches de lumière. Un tableau que je ne saurais peindre…


Gris clair…Dimanche soir, un petit dialogue en textos avec ma gazelle qui entrouvre une porte. Je crois que j’ai eu raison (pour une fois, je peux dire que là j’ai une certitude), j’ai gardé le lien, j’ai respecté la distance, l’éloignement physique, mais j’ai gardé le mince fil tendu.

Gris foncé…Lundi matin, tous les jours la même route, le même itinéraire pour aller travailler, les petites rues en sens unique pour être en un petit quart d’heure chez les narkeotrafiquants. Un chemin que l’on connaît sur le bout du volant. Et paf sur cette petite place, je ne les avais pas vus. Voiture banalisée plaquée au fond du parking. Je m’avance bien sur le stop pour voir si rien n’arrive à gauche. Et me voilà stoppée net par un jeune flic qui me demande si je sais pourquoi il m’arrête. C’était un stop, j’ai fait un céder le passage. Bon j’ai grillé le stop quoi !!! Paf 90 euros, paf moins 4 points, et encore j’ai de la chance parce qu’il fait comme s’il n’avait pas vu le A de ma plaque d’immatriculation abîmé, et il fait aussi comme si j’avais mon permis alors que je ne l’ai pas avec moi….

Gris clair… Lundi aprèm…tous les collègues narkeotrafiquants retrouvé en amphi pour la grand messe annuelle donnée par la direction avec galette, Tariquet et couronnes. Pas de boulot en Midi-Pyr, pas trop en Aquitaine, un peu en Limousin, un paquet de taf en Poitou Charente, et pas mal en Dom !!!! Aussi une année entre gris-clair et gris foncé.

Belle éclaircie lundi soir avec ce grand moment passé chez ma gazelle. Elle sourit, ses yeux sont doux et je l’aime.

Gris foncé…tirant sur le noir profond. Mardi. Ma banquière me lâche. Elle n’est plus aimable. Plus encourageante. Plus réconfortante. Elle me dit clairement que la situation est désespérée. Elle va bloquer mon autorisation de découvert. Je vais être fichée aux incidents de paiement, je ne pourrai jamais faire de rachat de crédits. Le désespoir me submerge, mais je dois travailler, parler aux collègues, ne pas pleurer. Heureusement la bonne nouvelle de l’assistante sociale me donne du courage.

Grisâtre… mercredi matin, je reçois un stagiaire qui a un moment cru qu’il voulait devenir narkeotrafikant, un zado dans toute sa splendeur, petit duvet naissant sur la lèvre supérieure, l’énergie d’un moule dépressive, m’affirmant à son troisième jour de stage qu’il n’avait pas appris grand chose. Vocabulaire minimum, puisque je dois lui expliquer deux mots sur trois de ma présentation Powerpoint. Je le mets devant une vidéo de fouille de notre site, le temps d’aller boire un café pour m’éviter de le trucider ou de le secouer dans tous les sens… Puis je lui colle un sac d’os de chevaux et de sanglier à nettoyer, une brosse à dents dans les mains, et de la journée je n’entends pas le son de sa voix.

Encore une éclaircie mercredi soir, chez mes deux zamizomo préférés qui m’ont préparé une bonne potée pour me réchauffer le corps car ils savent que les temps sont durs. Juste avant j’avais encore vu la gazelle qui avait besoin de moi pour la véhiculer. Et juste avant un autre collègue était passé chez moi pour me porter du café, du sucre, du chocolat, du thé, il sait il a compris les temps si durs, je sais qu’ile st inquiet pour moi, mais il ne sait pas le dire vraiment.

Gris clair…Jeudi d’une grosse journée de travail dans laquelle je me perds pour ne pas penser aux problèmes. L’esprit est un peu apaisé juste à l’idée que le salaire est arrivé. Mais je n’ose pas y toucher. Juste remplir mon réservoir d’essence en espérant que ça tiendra toute la quinzaine avec les tdc.

Grisâtre qui passe au gris clair…puis s’illumine… Vendredi, on me recolle le zado car finalement c’est moi qui me suis le mieux dépatouillée avec l’adozittude… Aujourd’hui nous travaillons tous les deux ensembles. Il m’assiste. Il rit et parle même… Il parsème sa conversation de c’est « powerfull », et me fait des confidences sur sa vie de famille. Allez c’était un zado, excusons-le. Il ne deviendra peut-être pas narkeotrafikant car il manque d’un peu d’énergie, j’en ai vu de mieux et de plus motivés.

Puis vendredi soir, avec les deux zamizomo dans ce bar où j’ai noyé ma semaine.

Et puis hier, gris taupe ou souris ou perle, sortie de coma, entre la couette et le salon de thé, dormir, écrire lire écouter, puis dormir à nouveau.

Je voulais aussi parler d’un autre gris de ma semaine, un gris qui pourrait tourner au vert caca d’oie, au marron foncé, à une couleur pas très reluisante et qui aurait pu me faire tomber dans le noir, le sombre. Heureusement j’ai vu la couleur qui tournait.

Je cherche mon futur logement sur le net. Mon budget va être serré, mais il me faut tout de même si possible trois chambres. Je tombe sur une annonce avec T4 à …600 € !!! Parquet ancien, salle d’eau, salle de bain, deuxième étage, ascenseur, cave, garage. Je réponds. On me demande des références, que je donne, un métier, un salaire, deux enfants que dire pour ne pas faire fuir. Mais la réponse est curieuse, elle me raconte une histoire de fils qui vivait là est vient de partir vivre en Italie, de désir de garder cet appart nickel, car il est très beau (photos à l’appui), du propriétaire qui est gendarme au Togo et que travaille « sous l’autorité d’une personne autoritaire ». Il m’enverra les clefs par DHL, quand j’aurai versé les 1200€ de caution. Un doute commence à naître. D’autant plus que le mail est au nom d’un certain P.L. et elle est signé du nom d’une autre annonce tout aussi alléchante sur le même site…Je demande moi aussi des références et des précisions. Elles me sont données, quant à l’appart mais ne me rassurent pas du tout. Je dis que je serais donc intéressée mais glisse que ce ne sera que pour avril. Depuis plus rien. Je crois bien que je l’ai échappé belle… J’ai quand même alerté le modérateur du site.

C’est donc une arnaque de plus que je ne connaissais pas !

samedi 29 janvier 2011

Bordeaux do do méli dort, chut ...

Aujourd’hui je suis dans le coma. Une sorte de brouillard silencieux et autiste. J’ai fini par trouver le sommeil vers 6 heures ce matin, après avoir tourné et retourné mon corps tourmenté sous ma couette. Levée dix fois l’estomac tordu par des spasmes. Souvent les crises de coliques néphrétiques commencent par ces signaux là. Heureusement je savais que ma soirée de poivrote était la responsable de ces douleurs. Punie la méli !


Il m’a fallu aller récupérer ma voiture que je n’étais vraiment pas en état de ramener cette nuit. Je suis revenue en tram, j’ai perdu mon pull chaud au retour. Dommage je l’aimais bien c’était ma sœurette qui me l’avait donné.

Il n’y avait pas de pv sur le pare-brise, ouf ! J’en ai profité pour faire un tour dans la rue qui commence mal et qui finit bien. C’est une belle rue de Bordeaux. Avec une belle horloge monumentale. Juste à l’entrée il y a une église. J’aime les églises. Mais je n’aime pas celle-ci. D’ailleurs elle est fermée au public car notre bon maire, l’a mise à disposition de la Fraternité Saint Pie X et de son curé en soutane l’abbé Lagu…. Un petit cadeau aux intégristes de la ville pour qu’ils puissent se réunir en toute quiétude. Juste en face, une librairie. J’aime les libraires. Mais je n’aime pas celle-ci. Elle est face à l’église, sa vitrine est constellée des étoiles et des éclats laissés par les pavés qu’on y projette régulièrement. D’ailleurs le propriétaire a renoncé à la réparer. En fait elle est la librairie du public de l’église d’en face. Ce n’est pas le plus beau fleuron de cette ville. Alors quand je passe dans ce coin, je presse un peu le pas pour ne pas m’éterniser dans ce secteur non par peur, mais par une espèce de dégoût et de malaise. Heureusement dès que la grosse cloche est dépassée, on se sent mieux dans la rue piétonne. Une association de musiques metissées, un café-jeux, un comptoir des épices, une artisan créateur de vitraux, des petits cafés ou des salons de thé, du commerce équitable, des piétons qui flânent, quelques cyclistes. Puis au bout de la rue, à l’opposé de la librairie et de l’église une petite place avec des bars et des restaus. L’appolo un rendez-vousun peu branchouille où l’on se sent bien le vendredi soir après le boulot dans les fauteuils et les chaises un peu usés. Du bruit, des rires, sans snobisme, des potes qui boivent un coup ensemble. C’est là qu’hier soir…. Bref. Plus calmement cet après midi, je suis allée me câler dans un coin d’un petit salon de thé de cette rue. Un Blue earl grey, quelques biscuits, le calme absolu. J’étais la seule cliente. Bon, je n’aime pas trop qu’on m’ait fait payer 20 centimes pour la goutte de lait que j’ai versée dans ma tasse. Enfin, c’est là que j’ai pu finir de me réveiller, avant de retrouver ma voiture et de rentrer. Je me serai bien vue dans un endroit plus chaleureux et plus cosy, calée au fond d’un fauteuil dans un endroit où j’aurais presque pu me rendormir, où j’aurais pu lire une heure, mais il n’y en a pas dans cette rue. Et dans la ville je n’en connais pas de tels.

Alors c’est chez moi que je me suis enroulées dans ma polaire mandarine, les pieds au fond de la couette, dans la pénombre, le chat ronronnant tout près de moi, et je suis retombée dans ma léthargie…

Laisse tomber le masque...

C’est aussi une première fois. Ecrire. Ecrire quand on n’est pas soi. Alcool. Lâchée. Sans se poser de questions. Ce soir à l’Appolo. 4 Caipirinha. C’est plus fort que le classique Mojito. Mes deux amis zomos, il paraît que je suis une fille à pédés c’est ce qu’ils me disent, je ne sais pas trop ce que ça veut dire ce genre de choses. Je les aime ces deux mecs qui s’aiment et qui m’aiment. Ils sont mes deux épaules en ce moment. Mes deux, je pose ma tête contre ton épaule et je ferme les yeux sans rien demander de plus. Ils veulent savoir si je vais bien. Comme des petits frères auxquels on peut tout dire. Ils m’ont saoulée ce soir. Partie en voiture. Revenue en tram. Perdu mon pull. Raconté n’importe quoi. Maté des culs de mecs, tous les trois. Commenté. Moqué. Ri et ri encore. C’était bien. Ca faisait du bien de lâcher. De se dire je ne mets pas de barrière. Et tant pis si je dis n’importe quoi, si je raconte ma vie sans fard, sans limites. Ma tête est dans un nuage. Demain il sera dissipé. J’aurai peut-être un peu mal. Tant pis. Je ne l’avais pas fait depuis longtemps. Je ne m’y étais pas autorisée.


On a ce droit parfois. Tant pis pour le lendemain.

mardi 25 janvier 2011

Deux petits rayons de soleil on percé la grisaille

Heureux moment à raconter. On pourrait même mettre moments au pluriel. Ce matin mon dossier a reçu l’accord de mes collègues et de ma DRH pour l’aide qui me permettre de payer ma facture de gaz. Donc plus que quelques jours à me geler, juste le temps que le mandat arrive, pour hâter un peu les choses je peux même aller porter la preuve que le paiement est parti. Et ainsi je prendrai rendez-vous pour qu’un employé vienne tourner la petite manette qui fera de moi une femme à nouveau propre et fraiche chaque matin. Un poids est posé parterre. Ouf. La prochaine fois que je siègerais à cette commission dont je suis titulaire, je saurai quel effet ça fait d’attendre le verdict et quand il arrive positif.


Et puis hier soir j’ai posé à terre un autre énorme poids. Dimanche soir j’avais envoyé un petit texto périodique pour avoir quelques nouvelles de ma gazelle. Rien de rare, « comment ça va , que fais-tu, est-ce que tu as du boulot, comment ça se passe avec ton « moncoeurmonamour » ? ». Pour une fois les sms n’étaient as agressifs, j’ai posé je pense les bonnes questions, elle m’a conseillé, oui conseillé, de trouver un loyer moins cher, et de ne prendre que deux chambres, considérant que son frère et sa sœur peuvent être raisonnables et dormir dans la même chambre ! J’ai tourné 7 fois ma langue dans la bouche de mon Blackberry avant de ne rien répliquer. Pour une fois nos échanges se sont terminés pas des à bientôt des bisous et des je t’aime. C’était déjà beaucoup. Et puis hier matin elle m’appelle trois fois dans la matinée sans laisser de message. Alors j’ai rappelé et elle m’a demandé de l’accompagner chez le médecin. Nous avions rendez-vous devant la poste de son quartier. Quand je l’ai vu, je l’ai trouvée belle, si belle. Elle souriait, il y a bien longtemps que je ne l’avais pas vue sourire avec des yeux si doux. Elle était tout en noir, genre Diams, jogging à capuche, baskets… Une aussi jolie fille avec aussi peu de féminité, quel dommage. Elle m’a embrassée, et je n’ai pas pleuré. J’avais envie de la prendre dans mes bras, mais la gazelle est sauvage, elle se ferme vite. Il faut aller à son rythme si l’on ne veut pas tout perdre. Au retour, elle m’a invitée à venir chez elle pour boire un café. Soncoeursonamour n’était pas là, il est chez son père à Marseille. Elle était seule avec ses 7 chats et son hamster. Je crois que ma gazelle ne se sent bien qu’avec les animaux. Elle m’a demandé des nouvelles de ses cousins en utilisant les petits surnoms qu’elle leur donnait autre fois. Elle a accepté de voir des photos d’eux. J’ai visité son appart auquel elle n’a pas su donner de vie. Un peu vide et glacial. Elle cherche un peu de travail, elle a postulé pour manœuvre mais avec ses 42 kilos elles s’est fait recaler… Dans la journée, elle fume, regarde la télé, dort et s’ennuie. Elle m’a dit qu’elle s’ennuyait aussi avec son coeusonamour qui n’a pas beaucoup de conversation. Je suis contente qu’elle s’en soit aperçue toute seule. Je n’ai donné aucun conseil, fait aucune suggestion de quoi que ce soit. Nous avons un peu parlé de son enfance elle voulait que je lui dise si elle était garçon manqué. Drôle d’idée. Ni garçon manqué, ni fille manquée mais tornade réussi, zébulon, dresseur de chevaux imaginaires, réssuciteuse d’oiseaux et de souris mortes, sauvageonne sans arrêt essoulflée de ses courses à vélo. Elle semblait heureuse de parler de son enfance. Nous avons aussi évoqué sa mère. Biologique. Elle n’est pas prête pour les démarches.

Je l’ai quittée en lui disant que nous ne devions plus nous perdre. Elle a souri, elle était d’accord, elle m’a dit merci et de faire attention en rentrant. Comme avant.

lundi 24 janvier 2011

Voisine perdue

Quand je dis que personne ne voit rien, personne n’entends rien, et personne ne dit rien, je ne fais pas le procès des AUTRES. Je suis dans le lot. Et je le prouve. Dans mon échoppe serrées entre deux autres échoppes, je vis ma vie, sans chauffage ni eau chaude, avec mes ados, nos cris, nos disputes et nos pleurs, nos joies aussi parfois. A ma droite, au 86, une autre échoppe, une coloc de jeunes étudiants et petits bouloteurs, des garçons des filles, un chien depuis peu, un genre de gros truc qui fait peur et qui aboie. On se dit bonjour, je leur prête des plats parfois, une fois j’ai passé un Amélie Nothomb à l’une des filles et elle l’a gardé mais je m’en fous. Je dis aussi bonjour au 84, des jeunes parents, elle assistante maternelle, lui manager au MacDo du boulevard, la vie en vélos, parfois ça sent le pétard au dessus des clôtures. Au 82, il y a le petit vieux qui nettoie sa voiture de fond en comble tous les matins, et dont la lutine dit que ça doit être un serial killer, je pense plutôt que c’est le seul « trésor » qu’il lui reste, ila un locataire au premier, qui ouvre ses fenêtre tous les matins et fait ses poids et altères devant sa fenêtre, et quand je le croise il me regarde genre beau ténébreux, « t’as vu comme mon corps est sculptural ». A partir du 80 on se dit peu bonjour, c’est le couple idéal de « lui cadre en cravate et volvo » elle je ne sais pas mais elle promène son petit toutou comme celui de Tintin tous les matins pour lui faire faire son caca dans la rue alors qu’elle a un jardin avec piscine. Elle a aussi un petit garçon et une grande fille. Lui le cadre me dit parfois bonjour, mais elle ne me connaît pas. J’ai un peu envie de lui donner des claques. Côté impair, je dis bonjour à la dame infirmière mariée avec un artiste-ermite qui a son studio d’enregistrement à la maison et qu’on voit rarement dans la rue. Elle me tutoie et c’est la seule personne sympa du coin, on a parlé vraiment deux trois fois en quatre ans parce qu’on a le même proprio. Elle est coincée entre les deux galeries d’artistes, qui nous sortent des expos et de l’évènement de la morkitue, j’en ai déjà parlé. On a aussi les mêmes proprios.


On dit que bordelais est froid, bourge et peu sociable. Certes, ici personne ne n’empiète sur le territoire de son voisin.

C’est à ma gauche que se trouve la voisine que je connais le mieux. Pas forcément sympa, mais complètement cinglées, je le savais depuis longtemps. On ne se dit pas que bonjour, on se demande aussi comment on va. J’ai même eu l’occasion de rentrer chez elle plusieurs fois. Une fois elle m’a filé un paquet de fringues importables vu qu’elle a plus de vingt ans de plus que moi et ne porte que du gris et du beige. Une autre fois un soir d’hiver elle a sonné chez moi en me demandant d’appeler le SAMU car elle pensait faire un AVC. Je l’ai gardée avec moi, et les tdc lui ont fait subir les tests d’urgence, âge taille poids date du jour président de la république, elle avait tout oublié. J’ai du aller voir comment elle s’appelait pour sa boîte à lettre pour le dire au SAMU. Elle est partie avec les pompiers et revenue le lendemain, m’a offert une énorme boîte de cannelés, et m’a dit que j’étais la seule personne gentille du quartier. Ce n’était pas un AVC mais du surmenage. Elle était anthropologue et écrivait des articles sur les tziganes, je l’ai trouvé sur internet. Elle avait aussi sur sa porte une étiquette curieuse collée à côté de son nom « Voyager dans sa tête ». Je voulais bien le croire. Ca fait quelques mois que je ne la voyais plus. La lutine me disait qu’elle espérait qu’elle n’était pas morte chez elle. Moi ça ne m’inquiétait pas vraiment car elle n’ouvrait jamais ses volets, et e sortait presque pas. Et puis vendredi soir, quand je suis sortie poser ma poubelle, tout le trottoir était jonché de sacs poubelle, de plantes de cartons de vieux meubles. On aurait dit que toute la maison était installée dans la rue. Samedi j’ai croisé l’infirmière et je lui ai demandé si elle savait ce qui se passait. Elle m’a répondu elle est placée Emmaüs est venu vider la maison hier. Déjà un ou deux SDF faisait son marché sur les décombres de cette vie. Puis j’ai vu la porte de la maison ouverte et je me suis approchée. La fille de madame B.L. est apparue avec le même regard perdu que celui de sa mère. Depuis le mois d’Aout dernier, ma voisine avait disparu. Après un séjour en HP, elle a erré paraît-il et on l’a retrouvé il y a peu, dans un foyer Emmaüs. Retour à la case HP. Elle a Alzheimer. Je n’en suis pas étonnée, car dès notre première rencontre ça m’avait effleuré l’esprit. C’était il y a quatre ans et l’AVC-surmenage m’avait un peu mis la puce à l’oreille. Elle m’avait déjà parlé de sa fille qui vit à Paris. Sa fille elle ignorait tout de l’avc-surmenage et elle est tombée de haut quand je le lui ai raconté.

Voilà, je n’aurai rien pu faire de plus, je crois. Ce matin les encombrants viendront prendre ce que n’a pas voulu Emmaüs. Fin de l’histoire. Pour moi.

Je n’ai rien vu ? Je ne peux pas l’assurer. En tout cas je ne me suis souciée de rien…

une petite lueur

Plus que deux jours. Dans deux jours, hop la paye ! Hop on repasse au côté moins obscur de la force. Dans deux jours la roue tourne… Dans deux jours, je vais faire le plein d’essence. Je pourrai appeler Cartepass pour faire un virement CB et éviter une poursuite pour encore une fois mensualité rejetée. La veille mon dossier sera passé en commission, et je saurai si les 1000 euros m’ont été accordés. Si oui, deux jours plus tard, je recevrai un chèque. Puis deux jours plus tard, je pourrai faire un virement à GDF et prendre rendez-vous pour qu’on me rebranche à nouveau. Et une semaine plus tard, car il faut une bonne semaine de délai, je pourrai à nouveau prendre une douche, un bain, et enfin racheter mon pure ruby color et refaire enfin ma couleur ! Je pourrai faire un grand ménage à l’eau chaude. J’irai acheter une grosse boîte de savon noir comme je l’aime, et je nettoierai et je rincerai sans me glacer mes doigts. Je ne pense pas que je brancherai le chauffage, pas tant que les enfants ne seront pas revenus de chez leur père. Ce ne sera pas le bonheur certes mais ce sera un apaisement. Alors je croise les doigts pour que mon dossier soit validé par mes collègues. C’est en tout cas une grande chance d’avoir un employeur qui accorde ce genre d’aide. J’en suis consciente.


Avoir écrit tout ce mois qui vient de passer m’a tellement aidée, tellement permis de ne pas tout garder en moi. Lire quelques mots de soutien parfois, m’a donné de la force. Voir le petit compteur en haut de ma page, se mettre à tourner, et voir que les pages défilaient, m’a donné du courage.

Alors j’ai envie aussi de dire merci à ceux qui passent ici.

dimanche 23 janvier 2011

On est bien dans sa bulle, non?

Envie d’en parler mais en même temps que dire ?


Envie de me sentir, ben oui ça me concerne aussi.

Submergée par mes problèmes, j’ai quand même un œil sur ce qui se passe ailleurs.

Et ailleurs il s’en passe des choses…. Ailleurs c’est outre-méditerranée. Là ou le soleil brille, et où l’on va se poser sur le bord d’une piscine, oublier NOS soucis, NOS vies de fous, NOS zados chiants, NOS chefs insupportables, NOS collègues mesquins. On prend NOTRE avion en priant pour qu’il n’y ait ni grève, ni neige, ni rien qui puissse nous empêcher de décoller. Après on s’en fout une fois qu’on est en l’air, il peut neiger, gréver, cataclysmer, rien à battre du moment qu’on est parti. Bientôt NOUS on sera dans nos babouches, un petit roman dans la poche, quelques dinars, avant de descendre à l’accueil et de partir à la découverte… C’est ça les vacances à l’étranger, en tout cas c’est comme ça que je les imagine. Et moi, j’en prendrais bien des vacances comme ça si je le pouvais. Et je me pose la question, et je me la pose à moi aussi, attention pas d’embrouille. Est-ce que quand on part en vacance ons e trimballe avec une bulle autour de soi. Comme les enfants malades qui vivent dans cette espèce de gros ballon protecteur pour ne pas contracter de mauvais microbes qui les tueraient…. Alors comme ça quand on va dans les souks, quand on visite les ruines, quand on va chercher nos dinars, quand on va acheter nos cartes postales, y’a donc une grosse bulle qui nous protège des vrais bruits de la vraie vie ??? Je ne comprends pas là. La Tunisie, pour la citer, je crois bien qu’il est difficile de trouver quelqu’un qui n’y est jamais allé en vacances. C’est encore pas trop cher, il fait beau, les hôtels d’Hamammet sont parfaitement propres et occidentalisacceptables. On peut y manger aussi bien un couscous royal qu’un poulet frites, les guides sont faciles à trouver, enfin bon c’est la destination vacances qui prend pas la tête et qui fait du bien au moral, il faut le reconnaître. Moi tu m’aurais offert dix jours à Hamammet tous frais payés à Noel j’y allais volontiers. Même si j’aurais préféré Bamako, ou folle que je suis Niamey !

Alors qu’est ce que j’aurais vu là-bas, rien donc comme tout le monde…. Ou la même chose que tout le monde, des souks, des ruines, du tajine, des dattes, des babouches et du henné.

Mais Bordel ça ne se sent pas quand ça chie dans la ville, quand la révolution couve ???

Et ici, vu d’ici, on voit quoi, on sait quoi. Moi je découvre que là-bas c’était comme ça. Vraiment. Le nom de ce Ben Ali je ne le connaissais pas. Parce que maintenant les journalistes ils en ont des choses à dire. Partout, sur les blogs, sur les radios, dans les journaux on ne parle plus que de CA. Comment on ne le savait pas avant ? Qui protégeait cet homme ? Qui empêchait l’information de percer ? Qui avait intérêt à ce que le silence règne. On dirait que ce type était « l’ami » de pas mal d’hommes politiques de tous bords. Tout à l’heure j’écoutais encore sur Europe 1, un reportage fait à Tunis, très touchant, et surtout très révoltant. Et je me disais que là c’est la Tunisie, mais à côté c’est l’Algérie, et juste à côté le Maroc. Et que je pense que ça ne sent pas la grande liberté là-bas non plus… Et puis plus bas, et puis plus loin, tous ces pays où nous allons mettre nos doigts de pieds en éventail et où la bulle nous protège.

En même temps je pense que dans notre bulle à nous ici, ça sent de plus en plus mauvais. Et là dans celle là on est bien dedans, et on le voit.

samedi 22 janvier 2011

Une autre histoire

Bon comme on le devine, l'histoire d'hier ne s'arrête pas à ces deux enfants-là, une surprise est venue quelques années plus tard avec l'arrivée de la lutine. Et quand elle a su qu'on avait écrit pour son frère et sa soeur, elle a réclamé son histoire a elle.
LA voilà donc aussi :

Ma maman sait lire. Et ma maman sait aussi écrire. Elle a 5 carnets dans son grand sac rouge. Elle a un feutre orange qu’elle perd tout le temps, alors dans ses carnets il y a des mots de toutes les couleurs. Parfois, je lui pique son carnet et je mets des petits dessins et des petits mots avec des « je t’aime » et des cœurs. Mon frère aussi met des mots. On fait ça quand on veut lui demander d’aller manger au fast-food ou à la pizzeria et qu’on ne sait pas comment lui dire. Mais ma maman elle n’écrit pas que dans ses carnets. Elle tapote sans arrêt des mots sur son ordinateur. Elle écrit, elle écrit, et parfois ça nous agace beaucoup, car pendant ce temps elle ne joue pas avec nous.



Ma maman avait écrit une fois une histoire pour mon frère et ma sœur. Mais je n’étais pas encore née. Ca racontait une famille avec un papa, un maman une petite fille et un petit garçon, un chat, un poisson et une maison verte. Moi, je suis venue après. Je ne me souviens pas de la maison, parce que j’étais un bébé, quand notre famille s’est un peu compliquée et qu’on est partis.



D’abord on a déménagé tous ensemble avec notre Labrador et notre chat mais le poisson était mort depuis longtemps. Mais dans cette nouvelle maison, papa et maman ne s’asseyaient jamais plus l’un contre l’autre dans le canapé. Souvent, papa rentrait très tard et on mangeait juste avec maman qui était très énervée.



Un jour, mon frère, ma sœur et moi, on est partis en vacances chez papi et mamie. Quand on est revenu le dimanche soir, on a mangé tous ensemble pour une fois. Je crois bien qu’on mangeait de l’omelette. Et tout d’un coup maman a dit : « Il faut qu’on vous parle ». J’espérais que ça irait vite parce que je n’aime pas l’omelette froide. Elle a d’abord dit qu’avec papa ils nous aimaient très fort. Et là, j’ai senti que l’omelette allait refroidir sérieusement. Papa a dit « Pas maintenant ! ». Lui non plus il n’aime pas l’omelette froide. Maman elle adore ça, elle la sort du frigo et elle la picore quand il en reste. Alors elle a fait comme si elle n’entendait pas et elle a continué de parler. Elle a dit que Papa et elle n’étaient plus des amoureux.



Elle a dit qu’ils n’avaient pas de peine.



Elle a dit que papa aimait une autre dame.



Elle a dit qu’on allait divorcer.



Elle a dit qu’on vivrait la moitié du temps avec elle et l’autre moitié avec papa et la dame.



Elle a dit qu’il ne fallait pas être triste, et que tout allait bien se passer.



Ma grande sœur a pleuré et dit qu’elle n’avait plus faim.



Mon frère a demandé si la dame était plus jeune que maman et s’il pouvait finir l’omelette de ma grande sœur.



Moi, je crois que j’étais trop petite et je ne sais plus si j’ai dit quelque chose.





Après, on est allés au lit et le labrador a mangé l’omelette froide.



Le lendemain, c’était comme avant.



Puis, un jour on a rencontré la dame dans un restaurant et papa nous a dit que bientôt on irait dans une nouvelle maison et qu’elle habiterait avec nous, mais sans maman bien sûr.



Au mois d’avril, on a commencé notre vie compliquée. Papa a pris la grande télé, un des deux canapés jaunes, des assiettes et le labrador, maman a gardé l’autre canapé jaune, le piano, et la grande armoire, et aussi le chat. A partir de ce jour, on avait deux maisons, deux chambres, un papa, une maman, une belle-mère, mais on gardait la même école et ça c’était quand même bien.



Bien sûr, tout ça, voulait aussi dire, deux Noël, deux anniversaires, deux petites souris.



On a noté sur un grand calendrier les jours avec maman et ceux avec papa. Parfois, on s’y perdait un peu. Le plus dur c’était le jour où on changeait. Il fallait quitter ou papa ou maman. On était contents de retrouver papa mais tristes de laisser maman. Puis le dimanche suivant, on était contents de retrouver maman, mais tristes de quitter papa. C’était un peu comme si notre cœur était déchiré en deux.



Il fallait bien qu’on s’habitue puisque ça ne changerait plus jamais.



Dans chaque maison tout était très différent. Dans chaque maison, il y avait des choses bien et des choses pas très bien.



Papa s’est marié, et il a fait un petit frère et une petite sœur, il a acheté une nouvelle grande maison et une très grande voiture, mais il est plus sévère qu’avant.



Maman ne veut plus de maris, elle a parfois des amoureux mais ne nous les montre pas. Elle a de tas d’amis qui viennent souvent avec leurs enfants. Souvent ce sont aussi des familles compliquées comme la notre. Alors on sait qu’on n’est pas les seuls.



Chez papa tout est rangé. Chez maman tout est en bazar.



Chez papa on a des pantoufles. Chez maman on marche toujours pieds nus.



Chez papa on est très sages. Chez maman on est un peu foufous.



Parfois, quand j’arrive de chez papa, je me trompe et j’appelle maman Clara, comme ma belle mère… Maman fait comme si elle n’entendait pas et elle ne répond pas, mais je vois sa bouche qui fait une drôle de grimace pas contente. Il faut dire que maman et Clara ne sont pas vraiment très copines. Parfois elles font semblant, elles parlent un peu de nous, de l’école, des bêtises, mais quelquefois elle n’arrivent pas à faire semblant, et là…. Je ne vous raconte pas, parce que ça barde et on voit vraiment qu’elles ne sont pas des copines.





Ce qui est sûr c’est que tous ensemble, on est une famille. Même si maman et Clara ne sont pas des copines, nous on les aime toutes les deux, et aussi notre papa, et mon petit frère et ma petite sœur. Et puis, nous on est heureux dans notre famille compliquée. A la télé on dit famille recomposée, et parfois aussi on parle de famille normale. Normale ? C’est idiot, une famille normale, ça ressemble à quoi ? L’important c’est l’amour de son papa et de sa maman, qui lui ne change jamais.







Publié par la méli-mélo à l'adresse 01:48

vendredi 21 janvier 2011

MA PLUS BELLE HISTOIRE D'AMOUR... C'EST EUX

Un jour j'ai appris par une maman d'un petit garçon qui était  l'école avec ma gazelle, que la gentille enseignante de CP, l'avait traitée de menteuse. Elle s'était bien gardée de me le raconter. Il fallait dire où l'on était né. La gazelle dit Bordeaux. Et la maîtresse lui affirma que non. Mais la gazelle qui ne lâche jamais le morceau, s'entêta. Alors la maîtresse la traita de menteuse ce qui fit rire tous ses camarades. Alors j'ai écrit cette histoire de ma gazelle et de son frère. Depuis longtemps j'avais commencé de la mettre sur le papier et je la racontais quand la gazelle la réclamait. Alors je suis allée voir la maîtresse, je lui ai expliqué que ma fille ne mentait pas et que plutôt que de parler sans savoir, elle allait en guise d'excuse lire cette histoire à toute la classe. Ce fut fait.
 Par la suite, on m'a dit envoie à un éditeur. Et la ce fut mon aventure Flammarion, on prenait mon histoire et d'autres. Une bonne année d'échanges, comités de lecture et blablabla. Et puis je me suis fâchée car on voulais que de mon texte je fasse un résumé. J'ai donc dit merde à Flammarion.
Depuis, je le ressors de temps en temps.... Mais juste pour les amis.


Dans ma famille, nous sommes quatre. Mon père, ma mère, mon frère et moi. Ah oui, j’oubliais, il y a le chat et le poisson, ça fait donc six. Jusque là, rien de très original.



Mais dans notre famille, il y a quelque chose de différent. Personne ne ressemble à personne. Le chat ne ressemble pas au poisson, le poisson ne ressemble pas à mon frère, mon frère ne me ressemble pas, je ne ressemble pas à ma mère, et ma mère ne ressemble pas à mon père.



Le chat est noir comme du charbon et ses yeux sont verts. Le poisson est rouge comme un coquelicot et ses yeux sont noirs. Mon frère est plutôt de la couleur d’un grain de café grillé. Moi, j’ai la couleur d’un bâton de cannelle. Ma mère est le plus souvent blanche, sauf quand je dis des bêtises et qu’il y a du monde, alors là, elle devient aussi rouge que le poisson. Mon père est plutôt blanc l’hiver, et l’été il a presque la même couleur que moi.



Comment on a fait ça ? Je vous explique. On s’est adopté. Adopter, ça veut dire qu’on a d’abord vécu les uns sans les autres, et que dès qu’on s’est rencontré, on était tellement bien ensemble, qu’on ne s’est plus quitté. Adopter, ça veut dire que même si on est tous très différents les uns des autres, on peut s’aimer très fort.





Ca a commencé par mon papa et ma maman. Lorsqu’ils se sont rencontrés, papa a aimé que maman soit petite, bavarde et qu’elle ne lui obéisse pas toujours. Maman a aimé que papa aie de grands yeux marrons avec de longs cils, qu’il bouge et ronchonne sans arrêt, et qu’il soit si tendre. Alors, ils ont décidé de rester ensemble. Puis, ils ont pensé que ce serait bien d’avoir des enfants.



Mais il y avait un problème avec maman. Elle n’avait pas d’ovules, ces petits trucs qui lorsqu’ils rencontrent les spermatozoïdes du papa donnent un bébé au bout de neuf mois. Maman était très triste, papa la consolait, il voulait avoir l’air fort, mais il était très triste aussi. Il fallait trouver une solution à ce problème. Ce bébé qui ne voulait pas venir dans le ventre de maman, il ne fallait plus y penser.



Ce qui manquait à papa et maman c’était un enfant à aimer, et après tout, on peut aimer d’autres enfants que ceux que l’on a fabriqués. Et dans le monde, il y a des milliers d’enfants malheureux parce qu’ils n’ont plus de parents. La plupart du temps, ils vivent dans des sortes de pensions où ils ont été accueillis. On s’occupe d’eux, on les fait manger, jouer et on leur fait quelques câlins de temps en temps. Et ils grandissent ainsi sans parents. Mais ce qu’on sait, c’est qu’un enfant, ça a besoin d’un papa et d’une maman rien que pour lui, d’une maison avec ses jouets à lui. Un enfant a besoin d’une famille.





C’est vers ces enfants déjà fabriqués et qui ne demandent qu’à être aimés que papa et maman allaient se tourner. Alors ils ont écrit aux personnes qui leur trouvent des familles pour demander qu’on leur confie un bébé. Mais ce n’est pas si simple. Il a d’abord fallu qu’ils disent pourquoi ils voulaient accueillir un enfant, comment ils allaient l’élever, l’aider à grandir. Ca a duré longtemps, très longtemps…Ils ont du raconter leur histoire à des tas de personnes très différentes. Des personnes dont le métier comme par psy…puis une assistante sociale, comme ma tatie Lolo, est venue les voir, elle leur a posé des tas de questions. Papa, qui n’aimait pas beaucoup l’école quand il était petit, se sentait redevenir un élève et avait souvent peur de mal répondre. Maman, qui elle adorait l’école, voulait toujours répondre le mieux possible et elle parlait beaucoup, car elle voulait qu’on comprenne combien elle voulait cet enfant.



Un jour, papa et maman avaient enfin donné toutes les réponses et il ne restait plus qu’à attendre.





Ce fut long, très long…Mais ils gardaient l’espoir car ils étaient sûrs dans leur tête et dans leur cœur que cet enfant viendrait. Alors ils préparaient des tonnes et des tonnes d’amour pour quand il serait là.





Pendant ce temps, ailleurs, pas très loin, je suis née. Ma maman, celle qui m’avait eu dans son ventre, mon papa, celui avec qui elle m’avait fabriquée, ne pouvaient pas me garder. Mais ils m’aimaient très fort, puisque je suis née. Alors ils ont préféré que l’on me trouve un autre papa et une autre maman. Il paraît que comme ma maman adoptive, ma maman biologique était blanche. Mon papa, lui, était africain et noir. C’est pour ça que je suis métis.



En attendant d’être adoptée, je suis restée dans une pouponnière. Là, il y avait d’autres bébés comme moi. On dormait tous ensemble, on mangeait tous ensemble, et souvent on pleurait tous ensemble. Et puis, un jour, on m’a mise dans une chambre pour moi toute seule et on m’a dit au creux de l’oreille : « Tu as un papa et une maman. Ils vont bientôt venir te chercher ».





Le jour de notre rencontre, on m’avait bien habillée. J’étais installée sur mon transat lorsqu’ils sont entrés. Ils avaient des sourires immenses et de l’amour et des larmes plein les yeux. J’ai tout de suite compris qu’ils venaient pour moi, alors je me suis agitée tant que j’ai pu pour le leur montrer et j’ai souri moi aussi. C’est aussi ce jour-là que j’ai connu Misou mon nounours. C’est mon papa qui me l’a posé sur le cœur. C’était ça le bonheur pour eux et pour moi.





Aujourd’hui, j’ai six ans et demi. Je suis une grande fille toute fine, je n’arrête pas de bouger, de courir, je grimpe partout et j’ai, paraît-il, un sacré caractère.





Pendant six ans, j’ai eu mon papa et ma maman pour moi toute seule. Mais je rêvais d’avoir un petit frère ou une petite sœur comme mes copines de l’école. Papa et maman aussi le voulaient très fort. Cette fois-ci, on était trois à attendre. C’était long, très long… Et puis, un jour, on nous a téléphoné pour nous dire qu’un petit garçon nous attendait loin, très loin : au Mali. Maman et moi, nous avons pris un globe et elle m’a montré où était mon petit frère. Elle m’a expliqué que c’était un pays très pauvre, que là-bas les enfants ne mangeaient pas tous à leur faim et qu’ils n’étaient pas gâtés comme ici, même si leurs parents les aimaient très fort. Un de ces enfants allait devenir mon petit frère.





Le lendemain, je l’ai dit à tout le monde à mon école. Papa est parti tout seul chercher le petit frère. C’était long d’attendre…



Puis, un matin, mes mamies, mes papis et plein d’amis et ma copine Anouk sont venus et on est tous allé à l’aéroport. Et on a encore attendu…Maman était toute rouge et elle semblait très impatiente. Moi aussi j’étais impatiente, mais je n’étais pas rouge.





Quand papa est apparu avec le bébé dans les bras, encore une fois, tous avaient des sourires immenses et de l’amour et des larmes plein les yeux, sauf ma copine Anouk et moi. Le bébé, lui, avait de grands yeux tristes et fatigués, et il s’est aussitôt blotti contre maman. Il n’arrêtait pas de me regarder, et son premier sourire a été pour moi. J’ai tout de suite su que mon frère et moi on allait bien rigoler tous les deux.





Bien sûr, j’ai du apprendre à partager, à faire moins de bruit, à être un peu plus raisonnable qu’avant. C’est parfois dur d’être une grande sœur. Heureusement, l’amour d’un papa et d’une maman ne se divise pas par le nombre d’enfants, il se multiplie. Et ça, c’est très important.





En tout cas, dans notre faille différente où personne ne ressemble à personne, il y a encore de la place pour d’autres enfants. La seule chose pour laquelle maman ne se décide pas à faire de la place, c’est un chien. Et ça, c’est quand même très énervant…

jeudi 20 janvier 2011

Dites moi si j'ai mauvais esprit !

Ce matin, cou bloqué, j’ai remué, déplacé, rempli, vidé, des caisses de céramiques, d’os, de fer hier toute la journée. C’était pour changer d’avoir passé toute la journée de mardi penchée au-dessus de mon bac de lavage, avec mes petites brosses, mes pinceaux, mes outils de dentistes. Quand on me parle des postes de travail ergonomiques, je ris. Non, je ne ris pas je hurle et je râle, j’en parle au comité d’hygiène et de sécurité, et je ne lâche pas le morceau.


Je suis chieuse quand je veux, et je l’assume. Je ne me suis pas syndiquée comme certains de mes … bref, ce qui m’intéresse c’est l’amélioration des conditions de travail et pas de me faire dégager des heures pour aller à Paris tout frais payer le plus souvent possible. C’est sympa mais ce n’est pas le but du jeu, il faudrait le préciser. Je crois dans ce que je fais, je crois dans mon syndicat, mais parfois je doute.

Je doute quand je reçois comme il y a quelques semaines un mail de mon syndicat, me proposant d’envoyer les justificatifs et les photocop des bulletins de salaires des derniers mois, pour me faire rembourser les jours de grève qui m’ont été supprimés lors des derniers mois. C’est vrai, il y en eut un paquet, et souvent j’ai eu 100 ou plus d’euros retirés pour jours non travaillés. Je précise que souvent quand je me mets en grève, je bosse tout de même pour ne pas retarder le déroulement de mon chantier. Je m’arrête juste pour la manif. Un choix comme un autre, c’est le mien. Alors je prends mes responsabilités. Si je fais grève j’assume le fait de donner mon jour de salaire. Et je ne fais pas semblant pur me le faire rembourser après. C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne donne qu’un jour, que je soutiens les mouvements, mais que je ne m’engage pas dans les mouvements illimités.

Et je repense à ce temps où je n’étais pas encore syndiquée, et où je faisais grève de la même manière, parce que je ne peux pas me permettre de perdre 4 jours de salaire dans le mois.

Et je repense à cette AG houleuse il ya quelques années où j’avais provoqué un tollé et une sortie des syndicalistes dégouttés, quand j’avais osé exprimer que la grève étant un droit la non grève l’était aussi, que je trouvais pitoyable de se faire attaquer par les « engagés », pour son non investissement total. Et j’avais exprimé de vive voix et personnellement à deux cégétistes me faisant la morale, que si je donnais 5 ou 6 jours ce mois-là, je doutais qu’ils viennent nourrir mes trois enfants à la fin du mois. Tout le monde, enfin tout le monde des engagés, fût outré que je m’exprime ainsi.

Je ne savais pas alors qu’il est facile de pousser les travailleurs à la révolte, quand sa propre révolte est protégée et confortable. Et si je l’avais su je l’aurais dit aussi.

Maintenant que je suis engagée moi aussi, je refuse totalement ces privilèges là. Je le reconnais quand j’ai reçu le mail j’ai fait mon petit calcul et je me suis dit que ce serait sympa de recevoir au moins trois cents euros la tout de suite pour combler un découvert ou payer une facture. Mais non je ne peux pas. Cela ne me semble pas honnête.



Je parle, je parle mais en fait ce n’est du tout des syndicats que je voulais parler. Mais pas du tout ! En fait je commençais parler de mes cervicales, et j’allais dire, que je me rendrai plutôt chez mon médecin ce matin qu’au boulot. Et je dois dire qu’il n’y a pas que les cervicales qui sont bloquée. Le moral va avec. Ben oui, je voulais attendre la paye pour aller chez le médecin et faire renouveler mais anti dep. Mais la paye c’est le 26 ou le 27 et on n’est que le 20. Ca fait loin. Et depuis une bonne semaine, je prends des demis tous les deux trois jours, pour tenir le plus longtemps possible. Et depuis lundi je garde le demi qui reste en cas d’extrême urgence. Mais, là, non je vais aller gratter un peu au guichet de la poste pour voir si quelque chose en sort. Je sais que oui car je sais où j’en suis. Alors tant pis pour les économies de ma future caution.

Et donc en attendant, la télévision fait bruit de fond pas loin de mon ordinateur. Télématin, pour finir ma nuit, puis je somnole pendant les deux feuilletons de l’amour de la gloire et de la beauté, puis j’entends que dans l’émission suivante on parlera du surendettement. Un bon moyen de me remonter le moral non ? En tout cas je vais tout de même écouter.

C’est Madame Davant qui annonce le sujet. Appel à témoignage, air de circonstance, « oh oui je suis Sophie Davant mais je vous comprends je compatis, et je vous regarde dans les yeux avec une larmichette en coin ».

Un genre de conseiller en économie est là pour faire plus sérieux. Et hop deux petits témoignages, et hop deux petits conseils, mais vite fait tout de même. Et paf trois questions internet, et paf deux réponse, la troisième peut aller se rhabiller.

Allez soyons généreux, le sujet a duré dans les 5 minutes pas beaucoup plus. Ah oui sois honnête méli, y’a eu un petit reportage-témoignage avec Joseph qui avait 240.000 euros de revolving !!!! Ben moi je suis petite joueuse à coté.

Mais alors ce qui m’a époustouflée c’est la légèreté avec laquelle on peut passer du drame du surendettement, à la participation aux dîners nomades, lors desquels on peut s’encanailler en allant manger dans des supermarchés, pour à peine 30 euros... 30 euros pour un surendetté c’est parfois la somme dont il dispose dans ce même supermarché pour faire ses repas pour une semaine.

Puis on passe à la thalasso-bio, avec enrobage de caramel mou au beurre salé et autres denrées comestibles. Denrées comestibles qu’un surendetté ne se tartinera pas lui sur la gueule, oh non, il les mettra dans son assiette pour les manger.

Puis on passe à Mamamia en Français au théâtre Mogador in Paris. 40 euros la place. Sympa pour un parisien non surendetté.

Je me demande si sans faire une émission totalement plombante, on n’aurait pas pu, essayer de parler de comment cuisiner ses restes quand il n’y en a pas, comment se distraire gratoch ailleurs qu’à Paris, comment se faire du bien sans gaspiller son caramel au beurre salé….

Bref madame Davant, je suis peut-être un peu aigrie, mais j’ai trouvé ça limite indécent !

mercredi 19 janvier 2011

Coquelicot, méli-mélo, va pieds-nus et vous

Ici 2000 ce soir.


Là-bas 1673

Et là 22731.

6 ans de blog.

Ici au début, ça somnolait un peu, ça amusait quelques copines, ça donnait des nouvelles à quelques proches de la famille, quelques bloggueurs rencontrés dans la vraie vie et qui m’avaient suivie depuis mélimélodit. Je racontais mes petites aventures de la vie quotidienne celles qui faisaient rire surtout. Ou celles qui pouvaient émouvoir. Un peu. Ca réussissait à cacher. J’avais un peu de mal à écrire. Juste quatre ou cinq notes dans le mois. Je regrettais un peu le temps où sur mélimélodit je n’avais que des choses légères à écrire. Ou presque. Se mettre à nu ou pas. Jouer un rôle ou pas. Et puis j’ai pensé que si peu de gens passaient par là que je pouvais sans problème livrer un peu plus.

Il y a quelques semaines, quand pour la première fois j’ai pensé à écrire la vraie vie, celle qui fait mal et qu’on a pas forcément envie d’étaler, j’ai eu peur de la mise à poil. J’ai pensé à l’indécence de la situation. Au manque de pudeur et de fierté de se livrer sans rien cacher. Je vois d’ailleurs au travers quelques commentaires à quel point je pense, mes notes mettent mal à l’aise. Ce n’est pas le but je le jure. Ni de chercher faire culpabiliser qui que ce soit.

Le but est de dire à quel point parfois on peut masquer un désespoir, occulter une souffrance. Dire qu’on peut parfois rire toute la journée et laisser couler la douleur et le désespoir quand le rideau tombe. C’est peut-être une forme d’équilibre. Ne pas infliger à tous ses emmerdes car au fond on en a tous.

Mais aussi montrer que ces quelques mots, dits par des voisins, des amis, des parents « On n’a rien vu venir…. », peuvent révéler à quel point on peut ne pas se douter de ce qui se passe vraiment dans l’intimité de chaque famille.

Et je pensais il ya quelques semaines continuer mes quelques notes écrites un fois par semaine. Puis j’ai réalisé qu’écrire tout ça me faisait du bien au cœur, à l’esprit, et que cela me permettait aussi de mieux assumer mes difficultés dans ma vraie vie.

Je ne sais trop comment quelques personnes ont trouvé le chemin qui mène à ce blog. Mais j’ai vu que les clics comme de fil en aiguille, formaient comme une nouvelle trame de plus en plus large. Encouragée par ces signes de passage ici, j’ai eu envie de continuer.

Je ne sais si cela sert à quelque chose à quelqu’un, pas non plus ce que pensent vraiment les lecteurs. Sourient-ils à cette note, sont ils tristes de celle-ci, pleurent-ils, s’agacent-ils.

Tant pis, tant mieux. Ce qui me fait du bien finalement c’est l’écriture, les mots des autres et les miens.

Alors je vais continuer.

mardi 18 janvier 2011

Ne rien oublier ni le bon ni le mauvais.

Dernière douche : 18 décembre


Dernière nuit avec un homme : 23 mars

Dernière fois que j’ai vu la gazelle : 12 avril

Dernière fois que j’ai entendu sa voix : septembre

Dernières allocations familiales : 6 septembre

Dernier chéquier demandé : mai

Dernier chèque utilisé : septembre

Dernier mois sans rejet de prélèvement : avril

Dernière coloration de cheveux : octobre

Dernière coupe de cheveux : avril

Dernier marché de légumes frais : septembre

Dernier frigo vraiment plein : juin

Dernière semaine sans courrier de rappel : oublié.

Dernier jour sans pleurer : oublié.

Dernier solde créditeur : oublié.

Dernière fois que j’ai pu inviter des amis : septembre

Dernière baguette achetée : oublié.

Dernier manteau acheté : oublié.

Dernier départ au boulot avec vrai petit dej’ complet : oublié.

Dernier appel de frérot : oublié.

Mais dernier rire : aujourd’hui,

Dernière invitation chez des amis : hier soir,

Dernier repas avec viande : hier soir,

Dernier petit plaisir : un blanc manger coco : à midi, partagé avec un collègue qui a tout compris,

Dernier bouquet de fleur offert par un homme : aujourd’hui, mais il est gay , c’était juste pour me faire plaisir, avec le blanc manger et ça m’a touchée.

dimanche 16 janvier 2011

On change tout ...

Finalement, ma tête s’est allégée, les vapeurs d’alcool se sont diluées dans le thé chaud et quelques tartines beurrées… Le nounours hiberne dans sa chambre, après avoir pesté contre le repas de midi et avoir tout englouti. La lutine vient de me glisser mine de rien, de quoi occuper la fin de ce dimanche après-midi. Un petit texte à rédiger en anglais sur un voyage imaginaire à New-York. Je vais m’y mettre avec elle, non sans avoir pris soin de me munir d’un stylo rouge pour corriger la première phrase de l’énoncé du devoir. « "Imagine que tu est passée une semaine à New-York, décris tous que tu as fais." C’est donc munie de my red pen que j’ai mis ces deux lignes en conformité avec ce que j’appelle une orthographe basique et nécessaire quand on est enseignant. Et juste parce que ce professeur est originaire de Bath, je n’ai pas rajouté de commentaire…. Dans une petite heure les tdc rejoindront leur résidence paternelle. Ils y vont maintenant à reculons. Nous devrons certainement rapidement décider de l’avenir de cette garde partagée. Ils sont en âge de demander qu’elle cesse. J’avais persuadé il y a quelques années ma gazelle de ne pas faire cette demande. Je ne ferai pas de même avec les deux tdc. Je ne leur imposerai pas cela. L’attitude de leur père est loin de celle du père dont j’avais divorcé. Je sais que les zados souffrent de ce qu’ils entendent dire à mon sujet. Le nounours ne dit rien pour avoir la paix, la lutine me défend et se fait punir. Ce sera le combat suivant pour cette année sûrement. Lorsque j’aurai récupéré un peu de ces derniers mois, que je serai plus à l’abri des soucis financiers, je devrais entamer cette procédure. Car ce qui gênera Ken-l’ex, c’est plus de devoir me verser une pension alimentaire. Je vois d’ici les euros se dessiner dans ses yeux le jours où nous lui annoncerons la chose. Je sais que son cœur sera blessé. Mais plus que son cœur, son tiroir-caisse, frémira. Nous verrons bien, mais les deux tdc espèrent qu’à la rentrée prochaine les allers-retours avec sacs, cahiers, baskets, blousons cesseront.


Cela me fait tout de même un peu peur. Ce sera certainement fatigant. La lutine devra comprendre que je cesserai de l’amener dans son collège de banlieue-campagne tous les jours et qu’elle devra changer de copines. Et le nounours devra se discipliner un peu, être moins exigeant et accepter qu’être le seul homme de la maison, n’est pas être chef de famille.

Chaque chose en son temps.

Je commence par la quête de cet appartement qui n’est pas une mince affaire. Un T4, ça ne court pas les rues, en tout cas pas dans mon secteur de recherche. Les agences, les cautions, les frais, les offices de locataires, j’épluche tous les sites, je me demande si je peux me permettre de ne pas avoir la moindre exigence à part la propreté. J’aimerais tout de même bien garder une chambre pour moi, si possible car il est impensable que le deux ados soient ensemble.

Il me faut cet appart et rapido. Il nous le faut. Il va me falloir aussi commencer le tri, le rangement et faire quelques voyages jetage sans pitié.

Vite, vite j’ai hâte !!

Dimanche et mot d'excuse des parents que je n'ai plus...

Dimanche matin brumeux,
Monsieur le directeur du blog,
veuillez excuser la méli-mélo qui s'est goinfrée de tapas périgourdines, de bière blanche et de rhum et autre alcool. Ce matin sa tête pèse deux tonnes et demies. Elle restera sous sa couette et somnolera comme un chat fatigue. Nous vous transmettons une note que nous avons trouvée dans son "cartable" dans le classeur mes documents mes textes. Veuillez l'excuser pur sa fainéantise de ce dimanche. SIGNE :Feu  les parents de la Méli-mélo

du salmigondis au gratte-bosse




Il y a des mots qu’on aime et ceux que l’on n’aime pas. Il y a les mots qu’on n’entend rarement autour de soi, question de milieu et ceux que l’on n’entend plus parce qu’on a changé de vie, de région. Et ceux qui nous collent à la peau, des mots scotch ou boomerang. Moi mon mot que j’aime à moi, c’est salmigondis. Je le trouve compliqué, joli et rare. Il est bizarre et pas très harmonieux. Il ne glisse pas, il claque un peu sous la langue. Je l’aime ce mot-là. Vraiment. J’aime aussi son sens, il ressemble bien à ce qu’il veut dire. Bref c’est mon mot. Celui que j’entends rarement, c’est tricot, mais il y a aussi fer à repasser, ça je sais pourquoi, il est denrée rare chez moi. Tant et si bien que les tdc n’ont découvert que récemment ce terme. Avant ils appelaient ça un « repasseur », d’ailleurs ils croient aussi que l’aspirateur est de sexe féminin et s’écrit la spirateur… Sérieux. Mais je crois que pour la spirateur ils le font exprès pour me faire enrager, et écorcher mes oreilles sensibles aux fautes de français. Et puis il y a aussi ceux que j’ai perdus, que j’entendais enfant et que je n’emploie plus. Parfois, ils surgissent au détour d’une conversation avec frérot ou soeurette. Parfois, je les entends prononcés par des inconnus et je devine qu’ils ont du passer leur enfance pas loin de chez moi, là-bas dans les Landes. Les « Dia !!! » les « té !!! », les « flamber la porte », les « aiguise-crayons », ne sont pas parvenus jusqu’à Bordeaux, et je les ai perdus avec les années. Mais quand je les entends, quelque chose remue au fond de moi. Et puis, il y a le mot scotch, le mot boomerang. Le mot avec le quel on ne sait pas sur quel pied danser. Le mien c’est « intello ». Parce que celui-là, je trouve qu’il oscille entre la prétention et le mépris, le péjoratif et le gonflé d’orgueil. Il me suit depuis longtemps. Il me colle à la peau comme un post-it. Enfant, immergée dans le monde des mots plus que dans celui des poupées, je ne devais pas être une sœur très rigolote. Pas très attirée par les exercices sportifs, je levais rarement les yeux de mes livres. Vite traitée d’intello par mes frères et sœurs. Je recevais ce qualificatif comme une insulte. Et lorsqu’il me suivit du collège au lycée aux amis, je me demandais bien pourquoi. Bien, depuis, que se soit mes tdc, mes amis, ou les hommes que je rencontre, le mot finit toujours par me retomber sur le coin du nez à un moment ou à un autre. Il vaut mieux ça que connasse ou débile. Mais j’ai toujours l’impression qu’il y a erreur. Que non je ne suis pas ça.


Mais ce qui m’horripile avec ce mot c’est le nombre de personnes qui s’auto-proclament intellectuels. Le « nous, les intellectuels » m’insupporte. Je lisais il y a peu un bouquin dans lequel Gisèle Halimi, raconte sa vie. Et au fil des pages elle se qualifie d’intellectuelle, et s’associe à un groupe d’humains, dont on sent qu’ils sont largement au-dessus de la mêlée des pauvres autres. J’aime beaucoup Agnès Jaoui, mais elle aussi dans une interview sur Inter, s’est attribuée ce qualificatif, pour se ranger dans le clan de ceux qui pensent pour les autres. Qu’est-ce qui permet à cette femme de se dire une intellectuelle. C’est quoi le critère ? Comprends pas. Il faudrait que quelqu’un m’explique.


Pour en revenir aux mots, j’en ai rencontré un cette semaine. Il m’a plu tout de suite. Je vous le livre : gratte-bosse. Pas mal non ? C’est un outil utilisé par les joaillier pour polir le métal. Je faisais un stage de restauration de mobilier narkéo, dans un musée, et on nous en a montré l’objet. Un pinceau très drôle, qui en narkéo, sert à gratter les objets en métal sortis de terre. En plus, ce mot je vais pouvoir le faire entrer dans mon vocabulaire quotidien. Parce que depuis vendredi, j’ai un gratte-bosse à moi. Les restauratrices m’en ont offert un. Mais attention, faut pas toucher le gratte-bosse à main nues, les poils sont en fibre de verre. Si tu le touches sans gants, c’est comme si tu mettais les mains dans un bouquet d’orties. Un qui s’y frotte s’y pique….



samedi 15 janvier 2011

Aimer, c'est ce qu'il y a de plus...????

On se trompe toujours quand on est parent. On pense faire mieux ou différemment des nôtres. Ou parfois on les a trouvés tellement parfaits que l’on a peur de mal faire quand vient notre tour. Et à notre tour nous donnons ce que nous avons en nous, nos histoires, notre amour, nos trésors cachés, nos douleurs enfouies. Et à notre tour nous fabriquons un nouvel être imparfait qui lui-même en fabriquera d’autres.




Je regarde mes deux zados, puisque je ne peux plus regardes vivre ma gazelle, et je me demande ce que je suis entrain de fabriquer, en leur offrant mes colères mes douleurs et mes douceurs. Quel adulte naîtra de toutes ces erreurs ? Le nounours chamallow sera-t-il le cuisinier qu’il rêve de devenir, et la lutine deviendra-t-elle comédienne ou avocate comme elle le souhaite ? Comme le dit Khakil Gibran, je suis l’archer, ils sont la flèche. Aurais-je été un bon archer ? Mais surtout quelle sera la trajectoire de la flèche.



Je n’ai manqué de rien avec Pierrot de la lune et Mamamia. Ils m’ont donné. Tout. La vie. Le meilleur et le pire d’eux-même.

Mamamia, était une mère totale. Une de ces femmes qui justement perdent leur identité de femme à la minute où nait leur enfant. Elle aimait que ses 4 enfants soient dans son champ de vision, ne pas les perdre une seconde de vue. Les chambres devaient être collées à la sienne. Aucun éloignement possible. Nous avions de grandes maisons. Dans la première elle avait réussi à condamner le premier étage et nous dormions dans une immense pièce pleine de lits. Puis lorsque la famille s’agrandit, elle consentit à ouvrir une pièce attenante, et à laisser deux de ses enfants s’éloigner de quelques mètres. Lorsque des travaux furent faits en haut, elle accepta que tout le monde déménage en haut. Puis nous déménageâmes dans une nouvelle maison. Dans celle-ci, deux chambres en haut et deux chambres en bas, c’était parfait pour une famille nombreuse. Elle refusa l’exil des ados et la chambre particulière pour chacun. Nous nous groupâmes donc à deux par chambre, juste collés au salon dans lequel les parents dépliaient le canapé tous les soirs. Enfin, au gré d’une mutation paternelle, nous atterrîmes dans une immense maison, avec 5 immenses chambres. Nous avions entre 12 et 18 ans. Chacun eut enfin sa chambre à l’étage. Celle des parents étaient en bas. Mamamia fit une dépression. On m’avait protégée d’un départ en fac à Bordeaux, en m’inscrivant dans une fac de bayonne où j’étudiais le droit, parce que ce n’était nullement mon désir. Heureusement, mes résultats étaient tellement catastrophiques, et j’avais excellé dans le sabordage de cette première année de fac, qu’enfin, on consentit à me laisser faire mon choix. Et je partis à Bordeaux. Ouf !!! On peut dire que je n’étais pas vraiment armée pour l’indépendance, et que ce fût difficile au début. Heureusement le carcan est tombé. Bordeaux-Bordeaux 30 ans d’arrêt pour l’instant.

Soeurette courage, elle, qui avait la révolte en elle et surtout une très grande envie de rire et de s’amuser, ne prit pas le chemin de la fac, et l’on réussit à la maintenir un moment dans le champ de vision. Tout eut été parfait si un jeune garçon ne l’emporta un jour sous son bras avec leur premier enfant. Montpellier-Montpellier, vingt ans d’arrêt…. Cela fut considéré comme un vol manifeste. Une imprudence qui allait mener à la ruine. Il fallut de longues années à Mamamia et Pierrot de la lune pour accepter l’idée que Soeurette ne reviendrait que pour les vacances. Je sais combien soeurette souffrit de les voir souffrir. Elle aurait voulu que

l’on croit à son bonheur, et que l’on accepte qu’il soit possible loin du cocon-poulailler familial.

Frérot, lui, usa d’une autre méthode. Il se transforma en vilain petit canard. Surdoué au QI impressionnant, en échec scolaire, sécheur de cours depuis le cathéchisme, punk à la crête vert fluo, écriveur de chanson , gros mots, dessineurs de flip-books sanglants, dormeur dans les baignoires pleines, des nuits entières, un livre à la main, il prit tous les petits boulots que Pierrot de la Lune lui dégota à moins de 5 kilomètres de la maison. Il les saborda tous. Sans malice. Puis il fit son baluchon pour aller tailler la pierre à Bordeaux. Bordeaux Bordeaux, 20 ans d’arrêt.

Quand à soeurette fachée. Je ne peux pas trop parler d’elle, mais tant pis. Pour elle cependant, je suis ici chez moi et je dis ce que je veux, pour elle donc ce fut plus compliqué et moins clair. Elle aussi avait la révolte en elle. Elle aussi farfouilla dans une scolarité un peu hésitante, obligeant l’instit de la république, à inscrire sa fille dans un lycée de bonnes sœurs. J’ai un peu oublié le déroulement des évènements mais ce que je sais c’est que soeurette fâchée, ne savait quel chemin choisir au sortir du Lycée. Quant un jour, pierrot de la lune, qui lui avait quitté le nid familial très jeune, mit son nez dans l’avenir de sa dernière née. Lui qui justement ne trouvait pas ou très difficilement sa place dans le cocon dont il était il faut le dire totalement exclu avait tracé sa route. Il avait trouvé refuge dans les mots, l’alcool, l’écriture, sa classe, son bureau, ses livres. Au retour d’une des ses réunions-prétexte pour fuir sa maison prison, il revint, avec une nouvelle qui allait vraiment faire sensation. Il avait rencontré dans une réception ou dans un bar, je ne sais, une connaissance dont la fille était partie vivre à …. Minéapolis-Minessota. Oui et …. Donc ???? Et bien des amis de cette jeune fille cherchaient avec une jeune fille au pair pour un an. Je passe sur le psycho-drame qui suivit, mais en septembre suivant pour soeurette fâchée ce fut Minnepolis, un an d’arrêt.

Souffrance, déchirement, pleurs, déprime, échange de lettres. Soeurette était finalement bien séparée de la famille par un océan. Elle y rencontra même l’amour. Mais à peine le pied remis dans le cocon celui-ci se referma à nouveau sur elle. Elle resta là. Puis la maladie de Pierrot de la Lune et celle de mamamia scellèrent définitivement le cocon sur elle.



Ces parents-là, une fois partis nous ont laissé un cocon vide dans lequel nous avons du mal à nous retrouver. Je me souviens d’avoir été aimée. Je ne me souviens pas de mots d’amour, jamais. Pas de bras qui m’enserrent, pas de caresses, pas de tendres baisers, jamais de je t’aime. Rien qui passe par le toucher, par le corps. En nous gardant sous son œil protecteur, en emplissant les placards de douceurs, de biscuits, de crèmes, en réparant des repas savoureux, mamamia nous disait « je t’aime ». Pierrot de la Lune lui, suivait notre scolarité pas à pas, en tout cas la mienne. Il racontait des histoires, son histoire celle des autres, composait des bouquets de fleurs sauvages, expliquait les insectes et la flore et nous disait ainsi je t’aime.

Le mot m’a manqué, les gestes de tendresse aussi, les caresses tendres.

Mamamia m’a dit un jour je ne te l’ai pas dit mais je te l’ai montré. Ce « je t’aime », il avait tant de mal à sortir.

On aime comme on peut et comme on a été aimé.

Etre parent c’est si difficile….

mercredi 12 janvier 2011

Pour un inconnu

Pour vous tout est terminé maintenant.


4 ou 5 victimes. Je ne sais pas.

Mon cœur a chaviré quand j’ai vu cette info hier.

J’ai pensé très fort à vous et à votre famille.

J’ai pensé à tout ce que vous aviez dû endurer pour en arriver à cette fin-là.

J’ai pensé à ce moment, où pour vous, il n’y a plus eu aucune solution envisageable.

J’ai senti la grande et lourde porte noire qui a du se fermer devant vous hier matin.

Plus d’espoir. Plus d’idée des possibilités d’avenir. Plus la peine de se battre. Plus de solution à long terme, ni même à court terme. Plus de force.

Seulement les courriers qui arrivent tous les jours, les coups de téléphones qui harcèlent au quotidien, les texto sur le portable s’il n’est pas encore coupé.

Seulement devoir expliquer que l’on sait bien que la situation est grave et qu’on aimerait bien pouvoir trouver la solution qu’on vous tance de trouver à la minute.

Seulement se sentir comme battu à mort par ces personnes au bout du fil, qui vous demandent pourquoi, comment, qui veulent des explications, mais surtout leur fric.

Seulement pleurer et désespérer, et voir le reste de la famille désemparé, attendant que l’on trouve LA solution.

Alors sortir le moins possible, ne plus accepter les invitations pour ne pas arriver les mains vides, trouver des prétextes, mentir s’il le faut, ne plus remplir de caddie mais acheter petit à petit. Et voir que malgré tout rien ne change. Ne plus savoir s’il faut sourire pour maquer le désespoir, ou laisser aller sa tristesse et son mal-être.

Alors comprendre que non demain, ça n’ira pas mieux, que non, la roue ne tournera pas, en tout cas ne plus y croire.

Et se dire si la seule solution envisageable, ce départ définitif serait un acte de courage ou un acte de lâcheté. Ne pas savoir. Se demander si ce que l’on aime pourront vivre après, si on les laisse ou on les emmène… Leur laisser le monceau de soucis à gérer en plus du désespoir, ou les délivrer eux aussi ? Partir pour un néant ou un inconnu promis meilleur ?

Savoir que les requins ne manquent pas de proie, mais qu’ils n’en lâchent jamais une quand ils l’ont saisie.

Et puis, hier matin, savoir que dans quelques heures on viendra vous prendre le peu qu’il vous reste et que ce ne sera pas encore assez.

Alors ne plus voir qu’une seule solution, comme une porte de sortie définitive. Basculer dans un tourbillon de folie désespérée. Et terminer par sa propre exécution.

Fin de l’histoire. Fin des histoires.

Les requins ont gagné.

mardi 11 janvier 2011

Le mois : acte 2

Le 11 janvier. Pas encore la moitié du mois. Encore 4 jours et ça basculera vers la fin du mois. Une évidence. Certes. Pour moi, le mois ce décompose en plusieurs périodes. Et je jongle entre ces périodes aussi longtemps que je le peux. Le salaire tombe le 26. Pendant quelque jours, je dois en profiter pour faire le plein d’essence, retirer un peu de liquide pour faire des courses. Acheter un ou deux bouquins. Aller deux trois fois à lidl et payer avec la carte. Ma carte est une carte Electron. Pour les non-initiés de la galère j’explique. C’est une carte bleue visa. Utilisable tant qu’il y a de l’argent sur le compte. Mais dès que débit, carte bloquée. Toutefois le banquier généreux peut autoriser un débit, en fonction du salaire, histoire de récupérer quelques agios. Mais dès que le débit maximum est atteint, blocage. Et la plus moyen d’avoir du liquide, ni de faire des courses, ni de rien payer.


Il y a la solution du chéquier, mais si le compte est débiteur, il y a risque d’interdiction bancaire. Donc agios encore, plus un timbre amende par chèque en fonction du montant du chèque. Donc moi, je ne demande de chéquier que très exceptionnellement. Il peut dépanner dans l’urgence quand la carte bloque, mais en même temps il ne sert qu’à creuser le découvert. Donc grande prudence. Alors je préfère ne pas en avoir. Le dernier que j’ai eu en mai, j’ai réussi à le faire durer jusqu’à août sans problème et avec une extrême parcimonie. Mais il a fini par un interdit bancaire, à cause des dépenses de rentrée. J’ai pu rattraper la chose assez vite, car le chèque en trop était destiné à un ami nous avons donc fait un arrangement entre nous, et j’ai pu être défichée rapidement.

Alors du 26 au… selon les mois, entre le 3 et le 10, les quelques jours son vécus dans la normalité. Je suis plus insouciante, plus légère, je me sens cigale, mais cigale prudente tout de même. En tout cas, je dors mieux, je suis moins tendue.

Puis vient le jour où le distributeur crache son verdict « provision insuffisante », « l’opération ne peut être effectuée, veuillez contacter votre agence bancaire »… Là, c’est comme une porte qui se referme. Le petit stress se réveille. Il reste encore relativement léger, car sur l’autre compte de l’autre banque il y a les 60 euros de secours de la CAF. Donc petit sursis. Bon, avec 60 euros est plus que bref. Si par car il venait l’envie de bifurquer de Lidl et de préférer un supermarché classique, on le regrette cruellement. Surtout quand les tdc sont là, et que le stock, coca, tartine, nutella est à renouveler tous les deux trois jours. L’autre sursis très fluctuant est celui de la pension alimentaire. Celle-ci tombe sur le papier le 1er de chaque mois, mais dans la réalité elle tombe quand je récupère les tdc chez leur père. Cependant si je les récupère un 30 ou 31, il n’est as encore temps. Je dois donc attendre la fin de la quinzaine pour avoir mon chèque, dont le montant est chaque mois comme une « divine » surprise. De la totalité de la pension, sont déduits exhaustivement divers « menus » frais, photo de classe, stylos, argent de poche pour les voyages scolaires, prix total des voyages scolaires. Donc selon les mois, je reçois entre 0 et 190 euros de pension. Donc selon les mois, le deuxième sursis, est plus ou moins long.

La période critique se situe entre le 15 et le 26 suivant. C’est là que le stress s’accentue, que l’angoisse s’installe et que le moral chute vertigineusement.

Parfois, je me pose la question suivant, ne suis-je pas devenue bipolaire ? Avec ces jours où j’ai envie de raconter des choses légères et ceux où je ne pense qu’à la manière dont je vais procéder pour faire manger les tdc, les conduire au collège, et aller moi-même travailler. Mais il me paraît évident surtout en écrivant ces mots, que ma bipolarité n’est pas une maladie. Mes humeurs, suivent seulement la courbe de mon compte en banque. Rien de plus.

Nous sommes le 11, ma carte ne répond plus depuis deux jours. C’est plutôt un bon mois puisque j’ai réussi à tenir jusqu’au 9 sans atteindre le plafond de découvert. Ce mois-ci la pension est tombée dimanche et elle atteignait la somme record de 180 euros. Un peu d’air pour moi, je pourrai même emmener les tdc faire un tout petit peu les soldes. Raisonnablement. Très raisonnablement. Juste un petit geste. Je pourrai même peut-être acheter un petit truc pour mes neveux et nièces auxquels je n’ai toujours pas fait de cadeau de Noël….

Tout cela n’a rien d’exceptionnel, ni de passionnant. C’est juste ce que vivent j’en suis certaine des milliers de personnes dans notre pays. Une réalité, un quotidien. Et j‘ai en plus la chance d’avoir des sursis, tous n’en bénéficient pas. Je pense à eux.

Les meilleures intentions, vraiment ????

Comme dit dans le précédent épisode, j’ai repris ce matin ma voiture, qui somnolait depuis presque un mois déjà. Elle avait tout de même déjà fait une pré-reprise ce week-end, entre les trajets au foot, au théâtre, chez les potes de l’un, les best de l’autre (oui, on ne dit plus meilleur copine).


Depuis quelques jours donc, me sauté aux yeux maintes fois, une affiche placardée grand format sur tous les panneaux de ville et banlieue. Une affiche qui accroche le regard. La photo d’une vache à l’œil brun tendre. Puis une phrase en grosses lettres bien lisibles, expliquant que cet animal va bientôt mourir sans étourdissement et à vif, et que c’est un sacrifice rituel. Juste en dessous une autre phrase que je n’ai jamais le temps de lire parce que plus longue et écrite plus petit. Et encore dessous un truc illisible sauf avec une paire de jumelles à dispo dans la voiture. Je ne fais pas partie des fervents défenseurs de la cause animale. Mon chat dort souvent dehors, je ne lui donne pas de steak haché frais, je n’aime pas les chiens, je n’aime pas les poissons ou les oiseaux comme animaux de compagnie. (¨pendant que j’écris ; mon chat-bada, est couché contre moi dans le lit et nous sommes joue contre joue…)Les animaux sont bien en liberté et dans les grands espaces, pas dans des cages, des aquariums ou les vivariums. Je n’aime pas non plus qu’on leur fasse mal, qu’on veuille les dompter ; et qu’on leur parle comme à des humains. Je n’aime pas qu’on les torture au nom de la science ou de la gastronomie. Je n’aime pas donc que l’on égorge des vaches ou des moutons sans qu’ils soient au moins endormis. J’ai déjà entendu les cris de ces animaux et je trouve ça terrible.

MAIS JE N’AIME PAS CETTE AFFICHE ET SURTOUT CE QU’ELLE DIT.

Et justement hier matin, en partant pour le collège, la lutine l’a aussi remarquée et m’a posé des questions. Et sincèrement je lui ai dit que je ne pouvais pas lui expliquer le sens de cette affiche car j’avais un gros doute sur ses intentions. Je lui ai aussi dit que le soir nous nous arrêterions devant l’un des panneaux pour le lire du début à la fin, quitte à sortir des jumelles.

Ce sur quoi je bute c’est ce mot, rituel. Déformation professionnelle peut-être. Pour les narkéotrafikant dont je fais partie, le rituel fait partie de notre quotidien. Placardé partout attire mon œil automatiquement.

Et je voudrais savoir sur quoi veulent mettre le doigt exactement les commanditaires de cette campagne. Ce qui le gène bien sur, c’est que l’on saigne à vif des animaux. Mais surtout n’est-ce pas ceux qui accomplissent ce rituel ? N’y aurait il pas derrière cette cause défendue, une autre cause nettement moins humaniste ?

J’ai finalement soulevé le problème le midi à table avec les collègues narkeotrafikants. Hormis une personne qui m’a dit que je me polarisais toujours sur la même chose (hahahah !!!), les autres se posaient la même question que moi.

Donc hier soir, j’ai fait un petit tour sur le net pour voir en gros ce qui était écrit si petit que même garée devant l’affiche je ne pouvais le déchiffrer. Et quand je vis qu’entre autre cette affiche était commandée par la Fondation Brigitte Bardot, qu’elle avait déjà été interdite de diffusion en novembre, et qu’elle n’était pas cautionnée par l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP), mes doutes s’envolèrent.

Qui veut-on encore montrer du doigt, diaboliser, et mettre dehors finalement ?

Ce n’est pas dit. Pas de propos racistes dans cette affiche, pas de dénonciation claire et précise…. Mais pire. Oui, ma lutine les yeux de la vache sont très beaux, et c’est cruel de saigner un animal. Mais ma lutine ton grand-père paternel, je l’ai vu arracher l’œil d’un poulet vivant pour le tuer, je l’ai vu planter un couteau dans le cou d’un jeune lapin. Oui, le foie gras, c’est bon mais les canards souffrent. Oui la corrida c’est horrible. Mais ma lutine, on va juste aller un peu plus loin en regardant les yeux de cette vache ce matin et on va essayer de parler de tout ce qui se cache derrière ce « sacrifice rituel ».

lundi 10 janvier 2011

Je ne suis pas la fée clochette, je suis la fée carabine

J’ai bien retrouvé mon chemin ce matin. Tourner à droite au bout de la rue, puis à gauche sur le boulevard sans se faire couper en deux, comme cela a failli arriver hier matin. J’ai pilé pour m’arrêter juste à dix centimètres de la voiture qui venait de griller le feu rouge. Merci à la chance, à l’étoile et à l’ange gardien. Donc la pas de feu grillé. Arriver sur le boulevard, prendre la rocade, la bretelle de sortie, faire les 10 kilomètres dans la campagne pour aller poser la lutine à son collège. Repartir, vers la rocade à nouveau, bouchée comme tous les matins, puis traverser le campus, et voilà j’y suis. Bonne année tout le monde, ranger un peu mon bureau squatté par je ne sais qui pendant mon absence, se demander où on en était le 10 décembre quand on a quitté… Les os non j’étais plus sur les os, les nettoyages c’était fini aussi, ah ben oui je sais. En même temps ma mémoire me faisait défaut pour une bonne raison. C’est la partie la plus casse pied du travail que j’attaque aujourd’hui. Celle qui me rend folle. Prendre mes petits bouts de céramiques cassés et les compter. Bon déjà moi j’ai mon ardoise et je fais des petites barres que je barre quand il y en a dix. Parce que si par malheur quand tu en es au 195 ème tesson quelqu’un passe pour te raconter son week-end, c’est bon t’es foutu. Puis après il faut un peu trier. Les fines, les communes, les rugueuses, les rouges pompéiennes, les revêtements argileux. Puis après tu notes tout sur ton petit ordi dans des jolis tableaux. Et enfin, tu mets tes petits groupes dans des sachets et tu leur conne un numéro. Et c’est là que moi, je suis une grosse nullasse. Un numéro d’inventaire ça s’appelle. Et c’est ce truc qui me rend folle. Parce que le temps que je cherche toutes les infos sur un groupe, j’ai oublié le numéro d’inventaire du précédent. Et aussi une fois que j’ai numéroté tous mes groupes et que je clique sur trier, paf les doublons ! Et hop il faut tout recommencer. Et pour couronner le tout, les trois petits coachs qui se sot donnés le mot et qui m’appellent pour savoir où j’en suis. Pour l’un c’est terminado, fini, the end, tu m’oublies, A tchao. Le second aimerait que ce soit terminé, pas de chance je n’ai pas 23 mains !!! Et puis aussi, si je pouvais m’occuper du métal avant les tessons, ce serait parfait… Quand au troisième j’ai pas commencé pour lui, donc il fait la queue comme tout le monde.


Et voilà la fée clochette c’est moi. A la maison je suis la reine des fées clochettes puisque je lis en nettoyant les toilettes en répondant aux questions des deux tdc, en surveillant que les nouilles cuisent. Alors au boulot, pourquoi poser ma baguette ?

dimanche 9 janvier 2011

Et si ce soir.... à 18 heures sur les marches du Grand Théâtre...

On va encore essayer aujourd'hui. Mais là par surprise. La dernière fois c'était le 5 décembre. On avait pris soin d'avertir sur Facebook. L'organisatrice avait averti notre bon vieil Alain. On avait bien répété nos 5 morceaux, préparé notre petit gâteau maison ou notre vin chaud. Tout était fin prêt pour les 18 heures.  Rendez-vous fixé sur les marches du grand théâtre. C'était notre premier choral'apéro.
J'avais passé un grand moment dans ma salle de bains, cheveux lissés luisants, oeil ombré de noir, bouche rouge sang, ma robe que j'aime parce qu'elle ne se repasse pas enfilées. Je n'avais plus que mes gants e mon manteau à prendre. J'envoie tout de même un texto à ma Zaza pour voir si elle avait pu caser ses tdc à elle. Et illico elle me répnd que ça vient d'être annulé because on n'a pas l'autorisation de la Mairie d'Alain, because juste à côté y'a le marché de Nawel, pour les gentil acheteurs du marché. Ben voila, tu ranges tes partoches, ton gateau et ton vin chaud, tu prends ton demak'up et tu vas au lit...
Bon alors là on n'a demandé aucune autorisation, et on recommence tout à l'heure, même heure même endroit. C'est plus Nawel, y'a plus de cabanes en bois et d'artisanat du monde, y'a plus de contes...
On va essayer. J'y vais comme je suis, selon le proverbe macdonaldien, parce que si c'est pour finir dans un car de flics pas la peine de se pomponner... Et de risquer d'abîmer ma robe que j'ai payée cher en solde. En plus je vais faire une surprise à quelqu'un qui sera dans le public et qui le vaut bien.
Il est temps d'aller chauffer la voix si je veux pas la casser.

Damido un conseil tu ne t'approches pas de ma bibliothèque !

Valérie, chère Valérie, depuis que tu nous apprends la déco sur meuhsix, je te suis un peu. Bon d’accord, c’est un fait certain, tu es mieux à la déco, qu’au téléfilm. Quoique, tu n’es pas pire que certains qui se prétendent comédiens. D’ailleurs tu ne joues pas, tu es juste la bonne copine passée du pinceau et du marouflage à la bonne copine de l’ado et du dirlo. Là n’est pas le problème.


Ma lutine qui te suit autant dans tes décos que dans tes rôles de CPE, voudrait bien que je te demande de venir me refaire le portrait de ma maison. Et je réponds immanquablement JAMAIS. Jamais je ne veux d’une maison aux murs taupe. Jamais je ne veux que tu viennes dégager les angles chez moi, ni maroufler, ni changer mon univers bordélique de bric et de broc mais de moi, en un univers de page de catalogue But ou Conforama. Alors non Damido, tu ne passeras pas par moi.

Je veux garder mes rideaux dépareillés, mon meuble que j’ai relooké moi toute seule pendant des mois avec mes canettes que j’ai bues moi-même, et mes petits dessins partout. Je veux garder mes rideaux en canettes que j’ai mis des mois à fabriquer et qui s’emmelent tout le temps. Je veux que mes tapis restent de toutes les couleurs, passées, vives, rayés, brodés, unis. Je veux tous ces tableaux qui n’ont rien à voir les uns avec les autres sur le mur du salon. Je veux que mes livres soient partout et qu’on les voie. Je veux que ma tente de touaregs en draps de lin me protège encore de mes cafards, de mes rires, de mes amours rares, je veux m’y réfugier toutes les nuits comme dans un ventre maternel. Je veux mes vieux fauteuil trouvés sur des trottoirs, je veux le meuble du magasin de modiste de ma mamie Blanche et je veux encore entre le bruit du roulement des ses portes qui glissent. Je veux tout ce qui ne va pas chez moi et qui fait qu’on me demande souvent qu’est-ce que CA fout là ? Alors non tout ça tu n’y toucheras JAMAIS. Et si ma lutine s’avisait un jour de t’inviter sans m’avertir, alors tu aurais fait un voyage à Bordeaux pour rien. Je te ferais entrer, parce que je te trouve sympa comme ça vu dans la télé. Je te ferais un thé ou un café, ou je te servirais un coca ou un rhum arrangé selon l’heure. Et la situation financière du moment. On parlerait de nos vies de rondes peut-être. Mais tu ne toucherais pas mes murs.

Et je te dirais que tu m’as vraiment énervé dimanche dernier. Déjà une fois, dans une maison tu avais remplacé la vieille vaisselle moche par de faux livres dans un buffet. Là, j’avais frémi d’horreur. D’ailleurs, je n’ai jamais vu de bibliothèque chez les personnes que tu redécores. Et donc la semaine dernière quand j’ai vu la bande annonce de ton Déco, j’ai consenti à m’asseoir à côté de la lutine. Pour la première fois en je ne sais combien d’années de ton émission, tu entrais chez une personne différente des habituels couples entre 30 et 40 avec enfants multiples, qui demandent des chambres de princesse ou des chambres de footballeurs.

Pour une fois, c’était une grand-mère seule dans son appart qui demandait ton aide. Ca changeait enfin. Et en plus, en bonus juste pour moi, la mamie avait une bibliothèque dans le salon et une dans la chambre. Comment allais-tu t’y prendre donc avec tous ces bouquins. L’appart spacieux et lumineux, avait juste besoin d’un dépoussiérage, un léger rafraîchissement. J’étais vraiment très curieuse de savoir ce qu’il allait advenir de tous ce livres. Mais loin, très loin d’imaginer quelle géniale idée tu allais nous pondre. Car pour moi l’idée est une idée de poule, si bien sûr on considère que les poules ont des idées…. Et si je me réfère au regard de mon ex-belle-mère, j’ai un doute sur le QI des poules…. Et là, tu m’a vraiment énervée à un point !!!

Cachés les livres dans la chambre, derrière un immonde rideau-photo d’un embouteillage new-yorkais noir et blanc et son inévitable taxi jaune ! Mais vraiment, elle ne pouvait pas être contente cette gentille Rosine ! Elle a du faire semblant de trouver ça génialement incroyable !

Mais le pompon c’est ton idée pour les livres de la pièce de vie. Bibliothèque et hop à la poubelle ! Et tu nous installé tous ces bouquins dont tu as dit qu’ils étouffaient la pièce (non je ne le crois pas !!!), à 2 mètres cinquante de haut, sur des étagères qui faisaient le tour de la pièce, juste sous le plafond. C’est pas génial ça comme idée ? Non vraiment !!!! Et accès à cette nouvelle bibliothèque au moyen d’une vieille échelle de peintre redécorée avec du papier journal. Sachant que la dame Rosine à la soixantaine, un peu ronde et pas très grande, qu’escalader une échelle pour attraper des bouquins, chercher un dictionnaire, choisir ce qu’on va lire ce soir, va très vite relever de la performance sportive pour elle, combien de temps mettrons nous à la retrouver à l’hosto avec une fracture du col du fémur ????

Ben moi je dis, chapeau bas Valérie…. T’es plus forte en bougies qu’en bouquins !

samedi 8 janvier 2011

Discriminations, anecdotiques et ordinaires ?

Quelle place ai-je faite à ce jeune garçon, mon nounours chamallow ?




Dans cette France où l’on peut tout dire sans être inquiété, puisque même dans les plus hautes sphères de la république, on pardonne tout, où un dérapage s’il est verbal (dixit LleP. dans l’un de ses récents discours, rajoutant qu’il n’avait dérapé que 4 fois dans sa carrière politique) devient une anecdote dans un bilan de carrière. Dans cette France dirigé, que dis-je régentée, par un despote méprisant, fielleux et affublé de tics nerveux, incapable d’employer la négation dans une phrase, grossier, illettré et qui est censé nous représenter ? (Je refuse d’être représentée par cet homme et par aucun de ses sbires. )



Dans cette France où l’on laisse tout passer. Où un Jean-Paul Guerlain, peut dire qu’il travaille comme un nègre, et que…on connait le reste de la phrase, je ne peux même pas l’écrire…Et où la journaliste sourit, sidérée peut-être mais sourit.

Dans cette France où, soeurette courage me le racontait elle a entendu sur une radio hier : « "....j'en ai marre, mon mec en ce moment, il se la joue à l'africaine, il ne se lave pas....." et ou le journaliste répond mollement : "on va zapper cette partie de ta phrase...".

Ah non moi je ne la zappe pas cette phrase.

Car comme j’en ai l’habitude, je regarde les choses par le petit bout de la lorgnette. Avec le vécu que je connais, le ressenti. Avec « l’anecdotique ». Comme ici, je raconte la vraie souffrance d’une famille face aux difficultés financières, en reflet ou en réalisation concrète, terme employé en fac quand nous allions sur le terrain dans le cadre du cours de psycho-sociologie, des discours politiques. A cette époque, je faisais équipe avec une amie, qui excellait en cours, qui pigeait tout à Bourdieu and Co, qui se tapait toujours les 16 en dissert. Mais quand il fallait passer au sujet, à la rue, à l’enquête, elle restait muette et je prenais le relais. Je ne sais ce qu’elle est devenue, sociologue peut-être… Pendant ce temps, on dira que j’applique, j’expérimente, je vis la chose à fond.

Et si je raconte certaines « anecdotes » ici, c’est en écho au discours politique, qui comme son nom l’indique discourt.

On dit xénophobie, on dit ségrégation, on dit racisme, on dit discrimination. On le dit, on le dénonce, certains s’en étonnent. Et je m’étonne de l’étonnement. Parce que la ségrégation, la xénophobie, le racisme, la discrimination sont une réalité, un VECU.

Je me souviens que jeune couple en mal d’enfant, nous avons mon ex et moi fait le parcours des candidats à l’adoption. Un jour une question nous fut posée. En France, à la l’ASE, au 20 siècle. « Accepteriez-vous d’adopter un enfant différent ou à problèmes ? » Nous répondîmes que oui en demandant quelle pouvait être la différence ou le problème. On nous parla d’enfants séropositifs, aveugles, cardiaques, mais aussi d’enfants étrangers. Pour la maladie, nous étions un peu réticents, car nous n’étions pas certains d’être capables de gérer les problèmes de santé. En tout cas pas pour une première adoptions que nous avions envie de vivre comme une joie et un bonheur sans ombre. Pour les enfants étrangers, nous ne considérions pas cela comme un problème. On nous indiqua donc qu’il y avait un degré dans le problème. Enfants étrangers blancs, puis enfants étrangers asiatiques, puis enfants étrangers, amérindiens, puis magrébins, puis métis noirs, puis enfin noirs. Magnifique, la vie est magnifique et l’on peut ainsi graduer sa capacité à aimer en fonction de la coloration de la peau ! Et quand nous avons exprimé notre désir de ne pas graduer ni choisir, il nous a été dit que cela irait plus vite pour nous car nous « risquions d’avoir un petit noir » puisque nous ne le refusions pas et qu ’il y a si peu de volontaires… Et à chaque rendez-vous la question nous fut posée au cas où nous aurions réfléchi.

Ainsi, notre première enfant était d’un père sénégalais et d’une mère bordelaise. Et nous fûmes heureux. Notre second enfant venait de Bamako, et fût donc noir ébène, un vrai Bambara et nous fûmes heureux. Pour la troisième tout se fit sans questions puisque la réalisation était maison et nous sommes basco-landais, donc elle fût basco-landaise et nous fûmes heureux.

Nous fûmes donc heureux. Cette famille multicolore nous remplissait de bonheur. Nous étions forts de cet amour de nos enfants. On nous regardait avec curiosité quand nous nous présentions un peu partout.

Mais ce que nous dûmes apprendre à faire, c’est à nous comporter face à l’ignorance, la connerie et la peur de la différence. Je pourrais en écrire, des pages pour faire l’inventaire des phrases à la con !

Mais ce que je sais c’est que ma gazelle et mon nounours en ont certainement entendu dix foix plus que nous. Pur la gazelle je crois pouvoir dire que ce fût moins violent. Elle est métis, fille magnifique, et a en plus un caractère qui n’invite pas à la moindre insulte. Je dus juste mettre les choses au point avec la maîtresse de CP qui traitait la gazelle de menteuse car elle disait qu’elle était née à Bordeaux. Ben oui bronzée comme ça elle ne pouvait être née que dans une case africaine.

Mais dès la maternelle le parcours du nounours chamallow se sema d’embûches. J’avais déjà du à la crèche préciser que non ce n’était pas parce qu’il était cannibale qu’il avait mordu une petite fille. Que non sa voix grave, si grave n’était pas due à une différence de corde vocales chez les noirs (ben oui, louis Armstrong…). Je tombais d’un peu plus haut à chaque fois que j’entendais une nouvelle connerie ! Fallait-il en rire, en pleurer ?

A son entrée en classe maternelle, le nounours ne resta que trois mois puisque la maîtresse (école publique), avait décrété qu’il était un futur délinquant, que personne ne l’aimait, j’en passe et des pires. C’est ainsi qu’il prit le chemin d’une école privée parallèle ou tout se passa finalement sans encombres. Je pense qu’en l’occurrence le parallèle aida plus que le privé. Puis après le divorce nous reprîmes le chemin du public rural. Ce furent 5 ans, où je dus des dizaines de fois intervenir pour rectifier le tir. Parfois les mots sortaient. Le nounours se lavait plus que de raison. Il m’expliqua que c’était parce qu’on l’appelait « caca » qu’on lui disait que noir c’est sale et que ça pue. Il avait 6 ou 7 ans. J’ai toujours été à côté de lui tout ce temps là. Je n’ai rien laissé passer. J’ai forcé les portes de la mairie pour débouler dans le bureau du maire, un soir d’hiver où le nounours avait réagi à une insulte et où il avait été puni pour avoir provoqué une bagarre. J’ai interrogé une assistante de la garderie, qui avait dit au nounours qu’il était un méchant noir, et exigé de connaître les raisons de ses mots. J’ai exigé les excuses d’un vigile et d’une caissière dans un grand magasin, « La foirfouille » pour le nommer, pour avoir suivi, et voulu fouiller mon nounours car quelques semaines auparavant un noir était venu et avait volé quelque chose.

Dans ces moments, je suis noire en moi. Dans ces moments, j’ai le sang d’une mère africaine.

Et que dire de ce me racontait ma cousine mariée à un camerounaise qui un jour rentre dans une boulangerie et sursaute à la vue d’une chien, et une cliente de lui dire « N’ayez pas peur, il n’est pas comme chez vous, il ne va pas vous manger… »

Alors quand je vois ce qui se passe ici, ce qui se pense et se dit ici, j’ai peur de voir grandir mon nounours et de savoir qu’il commence à sortir la nuit avec ses amis. Et je sais que je ne peux plus le protéger de tout ça et qu’il fera sa vie avec ça.