mercredi 6 avril 2011

Se hater lentement....

Vendredi


Petit journée, printanière, allers et venues, un peu glandeuse...No stress, pas d’affolement. Juste reveillée en sursaut par l’employé du gaz à 8 heures et demi. J’avais oublié que nous avions rendez-vous. Tant qu’à être debout, j’ai filé dans mon nouveau chez moi, pour attendre Pablito avec qui j’avais rendez vous et qui arrivait en train, à 9 h 08. Soeurette courage m’appelle à 9 h 08 et deux secondes, pour vérifier que j’avais réceptionné son fiston. Ce que « pas du tout ». Installée dans le seul fauteuil de mon home sweet home, j’attendais l’arrivée de MON déménageur perso. C’est vers dix heures qu’il sonna. La bouche en cœur, il avait pris le temps de petit déjeuner et avait repoussé une visite aux beaux-arts, car il fallait trop marcher. Ce garçon est le digne neveu de son oncle, et un bon rejeton des hommes de la famille qui prennent le temps de se hâter avec lenteur. Je crois que je suis un peu comme ça aussi, mamamia me le disait assez !!! C’est donc munie de Pablito et vers 10 h30 que j’ai commencé la journée. Il y avait pénurie de cartons, j’ai du retourner en chercher au bureau. Ce qui n’était pas forcément la meilleure idée de la journée, puisque je me suis garée juste devant la fenêtre du bureau de Filzephil. Et me voilà partie pour un arrêt café. Et encore café, et bavardage, et autre perte de temps inutile. J’ai quitté le bureau vers midi. Pendant deux heures Pablo et moi avons atteint le pic d’activité de la journée. Vidage des derniers placards, vidage de la mezzanine, remplissage du break prêté par copine « narkalette », remplissage de nos estomacs d’un frugal repas particulièrement dégueu, fait de boîtes de rations militaires et de nouilles chinoises. Puis retour au nouveau home et vidage du break entre deux intercours. En effet, il va me falloir m’habituer au rythme de cette rue. Et donc du Lycée Gustave Eiffel, qui me cerne totalement. Face à mon entrée, le grand portail de l’entrée du lycée technique, la grosse pendule, et les salles de cours. Juste derrière le mur de mon salon, le passage qui permet aux élèves de se rendre dans l’annexe du lycée, qui se trouve juste derrière la maison. Face à mon salon, je vois donc encore des salles de classe. Toutes les heures je profite du carillon de la fin des cours, puis des appels du secrétariat, puis du brouhaha provoqué par la ruée des élèves hors les murs, pour taper la clope entre deux cours. Pendant une dizaine de minutes, c’est une vraie marée d’ados qui s’agglutine sur mon trottoir, pose les sacs à dos sur les rebords de mes fenêtres, et s’assied sur la marche de pierre de mon entrée. Je trouve ça plutôt sympathique, vraiment. Je ne sais si ça va m’amuser longtemps. En même temps c’est juste pendant la semaine, et en principe pendant la semaine je travaille. Ce qui me gène et là vraiment, je vais avoir beaucoup de mal, c’est les dizaines de mégots écrasés devant ma porte et les crachats sur tout le trottoir. Je ne sais pas si je vais être ni très patiente ni très tolérante, et je me connais. Il va falloir que je dise un truc. Bon, là, je vais être un peu seule contre une armée d’ados. Je ne sais pas comment je vais me débrouiller. Je dois réfléchir….

Voilà donc ma journée qui se termine. Pablito et moi nous sommes quittés vers 16 heures, car je devais aller à ma banque sans faute aujourd’hui, et il a ainsi pu aller aux beaux-arts, et visiter le CAPC (Musée d’art contemporain). Les courses sont faites pour demain et j’ai de quoi nourrir les 9 bouches qui me prêteront leur 18 bras, et qui seront certainement affamées à midi. Demain soir, nous aurons je pense tout fini. Et je pourrai faire tourner mes meubles pour trouver pour chacun la bonne place. Et dès la semaine prochaine, mes livres retrouveront leur place dans la bibliothèque. Et pour trois ans au minimum, je serai dans mon nouveau nid.

Samedi

Grosse journée. Comme si on ne voyait rien. On se lève, les minutes sprintent, les amis arrivent, café, croissants pour tous, et on démarre. Une maison se vide pendant que l’autre se remplit. On se croise, on m’appelle partout pour savoir ce qu’il faut faire de ceci ou cela. J’ai oublié de vider le placard de chaussures, et le lave-vaisselle. Il y a encore des tas de choses à jeter. Je réalise encore une fois à quel point gérer un déménagement seule est difficile. En couple, l’un fait une chose ou pense à une chose pendant que l’autre fait ou pense autre chose… Mais seule il faut gérer le quotidien avec les enfants, continuer de travailler, et penser à tout en faisant tout. J’ai un peu honte que tout ne soit pas prêt à partir. Le piano et le banc de pierre restent les gros morceaux comme chaque fois, mais cette fois ci il faut y ajouter le comptoir que j’ai canettisé et qui ne passe pas par la porte, et sort par la fenêtre. La mauvaise surprise vient du sommier de ma chambre qui ne veut plus sortir par où il était entré avec difficulté déjà. Les lits king size c’est le bonheur pour dormir, mais pas pour déménager. Il faut donc démonter les marches de l’escalier et les barreaux de la rampe, pour enfin pouvoir l’évacuer. Il est 19 heures quand tout est fini d’entasser dans mon nouveau « sweet home » qui ressemble à un capharnaüm. Je reste seule et je me pose pour pouvoir visualiser les façons d’agencer l’intérieur. J’en ai besoin, les conseils, le tu devrais, qui sont donnés de la manière la plus généreuse me sont impossibles à entendre. Dès le dernier ami parti, je regarde autour de moi, et je commence à pousser les cartons dans un sens, les meubles dans l’autre, le canapé, les divans, les tables, font le tour de la pièce jusqu’à minuit passé.

Dimanche matin, c’est le tour de la cuisine, qui pour l’instant a trouvé une bonne configuration. Je passe mon dimanche après-midi à faire le ménage de l’ancien appart, et encore à remplir la voiture de vieilleries que j’amène à la déchetterie. Vers 20 heures tout est quasiment terminé. Il reste encore des choses à jeter. Mais la déchetterie est fermée. Je remplis encre une fois la voiture pour que lundi au moment de l’état des lieux le proprio n’aie pas une attaque cardiaque.

Dimanche soir, épuisement total. Pieds et dos en compote. Je prépare deux croque- méli (croque-monsieur façon méli-mélo), je les enfourne et me pose devant mon ordi avec un dvd. Lundi matin, 5 heures, chabada vient me réveiller. Ca sent le pain grillé. Mais il ne m’a pas préparé le petit dej’. Je suis tombée de fatigue devant mon film sans avoir mangé . Les croque méli ressemblent à deux croque-charbon.

Fin du week-end.

Lundi matin, je me réveille toute neuve, prête à tourner définitivement la page puis que j’ai rendez-vous avec le propriétaire du 88 pour l’état des lieux. J’ai le pressentiment que tout sera prétexte à reproche pour ne pas me rendre ma caution. J’ai tout nettoyé de fond en comble et il reste juste les merdes que je n’ai pas pu apporter à la déchetterie la veille. Dès mon arrivée, je présente mes excuses pour ce contre temps et je promets de tout enlever dans la journée. J’ai porté mon exemplaire de l’état des lieux d’entrée. On ne sait jamais. Nous montons dans la mezzanine pour la première pièce. Tout de suite un premier reproche fuse pour la poignée du velux qui s’est dévissée ce week-end, car nous l’avons ouvert puisque c’était presque l’été. Rien de grave juste une vis à remettre. Il a peur que le velux ne ferme plus et qu’il ait plus sur le parquet. Je lui fais remarquer que si c était le cas, le parquet serait gonflé et abîmé. Puis nous passons aux meubles de rangement. Il remarque une petite déchirure sur la tapisserie merdique qui les recouvre. J’entends « meuble très mauvais état ». Sur l’étagère suivante même verdict, car il a voulu repositionner une étagère que nous avions enlevée et qui était dans l’armoire. Mais il le faisait mal et ça ne passait plus. A nouveau « étagère très mauvais état ». Je lui demande s’il est sérieux et ce qu’il appelle mauvais état. Réponse vous avez du poser quelque chose sur l’étagère et elle s’est affaissée. Donc une étagère servirait à ne rien poser. En effet, les moncoeurmonamour y avaient leur télé, et moi-même quand ils sont partis, j’y avais posé un dictionnaire. Bien sûr cette réflexion stupide fait plus que m’agacer et je commence à répondre, que pour mille euros par mois, il me semble avoir le droit de déposer au moins un dictionnaire sur une étagère. Nous n’en sommes qu’au début de la première pièce et déjà le ton monte. Je ne souris plus du tout, quand il prétend que j’ai collé sur le mur, une sorte de protection immonde en mousse stylisée lambris que j’ai toujours détestée. Je réponds que je n’aurais jamais mis quelque chose d’aussi laid. Il ne cède pas et prétend que c’est moi. Sauf qu’un morceau est décollé et qu’on voit que sous ce morceau il n’y a pas de peinture. En toute logique je ne peux pas avoir posé ce magnifique décor. Sinon il y aurait de la peinture sous cette merde. A moins que lui-même ait prévu de ne pas peindre au cas où l’un des ses locataires aurait un jour l’idée de coller juste à cet endroit un faux lambris en mousse… Bien sûr il n’apprécie pas trop ma réflexion. Surtout que j’ai osé écorcher les anciens locataires qui étaient je le sais « parfaits ». Il les adorait. Et je prends dans la figure que je suis restée 4 ans, que les anciens étaient resté 8 ans, et lui avaient rendu un appart en parfait état, alors que là, il est dans un état CATACLYSMIQUE… Il y a des mots qu’il ne faut pas utiliser avec moi. Celui-ci est en trop. Il doit penser que je vais être impressionnée par un mot aussi compliqué !!! Sauf qu’avec moi il ne faut pas se tromper dans l’utilisation du vocabulaire. Et cataclysmique, c’est cataclysmique. Je le lui fais remarque, et lui précise que je n’admets pas qu’il utilise ce terme, qu’il est inapproprié. Bon voilà tout part en vrille, et je fais la liste de tout ce que j’ai à reprocher à cet appart que je quitte. Il finit le tour de la pièce et je fulmine. Nous passons aux chambres, le ton a changé, je réponds à peine à ses questions, je fais remarquer que la salle d’eau a été refaite, car les précédents locataires, ne devaient pas l’utiliser, et que dès que j’ai voulu m’en servir des infiltrations et de l’humidité sont apparues dans le mur de la chambre. J’ai donc tout carrelé. Il vérifie que le mur est sec, comme si j’avais fait ça il y a 8 jours. En bas donc il ne peut rien reprocher. Dommage pour lui. En haut, rien n’a bougé non plus, j’ai juste carrelé les murs de la salle de bains, puis que là non plus ce n’était pas fait et que tout était moisi à mon arrivée. Rien à dire non plus pour la cuisine où je laisse tout comme je l’ai trouvé. Heureusement pour lui, le lino du séjour et du salon, gardent les traces du piano et de mes deux meubles lourds. Et ça il parait que çà ne devrait pas être ainsi. Je lui demande si lui chez lui il accroche les meubles au mur pour éviter qu’ils abîment le sol. Et j’apprends qu’on doit poser de la moquette sous tous les meubles quand on est locataire. Nous nous crépons à nouveau le chignon et échangeons des amabilités.

Bouquet final, il m’annonce que je lui devais un mois de loyer et qu’il est payé par le mois que j’avais donné d’avance à mon entrée, et qu’il a été très compréhensif parce que je suis une femme seule, et que pour la caution, bien sûr nous en restons là… Je m’entends dire un petit « Ah bon !!! ». Je sens les larmes monter mais je ne veux pas lui faire ce plaisir. Mais je ne veux pas partir sans avoir précisé que je n’admets pas ses reproches, que le terme de « cataclysmique » sur lequel je bloque complètement me blesse et me met en colère. Evidement, ce que je ne voulais pas arrive puisque je pleure en lui disant ces mots. Je sais qu’il est très mal à l’aise. Mais c’est bien fait. Il me dit qu’il ne veut pas que nous nous quittions en mauvais termes et je ne réponds plus. Je dis que je repasserai le soir pour enlever ce qui traîne sur la terrasse et je tourne les talons et le plante là. Du coup ce gros balourd a oublié de me faire signer l’état des lieux.

Dans la voiture je me laisse aller à ma colère. Je viens de perdre 800 euros de caution. Et puis ce ton hautain, blessant, de celui qui ale fric et le pouvoir, m’a humiliée. Déjà quand j’arrive au boulot, mon humiliation s’est transformée en colère.

Je me dis que le soir quand je reviendrai, puisqu’il me reste encore une clef, je pourrais très bien lui montrer ce que c’est qu’un cataclysme. Il le mériterait.

Je raconte à mes zamis collègues narkeotrafikants, et ils me donnent l’envie de me battre et de ne pas laisser les choses ainsi.

Hier soir donc, c’est munie d’un appareil photos que je suis retournée au 88, j’ai tout mitraillé. Tous les coins et recoins, tous les placards, toutes les pièces. Même les endroits où était passé le cataclysme. Ce qui est bien, c’est qu’avant d’emménager là-bas, j’avais aussi pris des photos de toutes les pièces, pour montrer aux tdc leur futur appart. On pourrait donc comparer. Je vais donc prendre contact avec l’ADIL. Je vais préparer mon petit dossier. Je vais préparer une petite lettre recommandée. Et je vais réclamer ma caution. C’est tout. Rien de plus. Je crois qu’il a fait une grave erreur en ne me demandant pas de signer l’état des lieux de sortie.

7 commentaires:

  1. Bien vu ! Continuez à vous hâter lentement mais sûrement contre ce propriétaire malhonnête et profiteur.
    ab

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  2. Si vous n'avez rien signer, vous montré votre désaccord donc c'est un bon point pour vous ;-)
    Ne laissez pas les choses telle quelle surtout si vous savez que vous n'avez rien à vous reprocher.

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  3. bon ben a titre de soutien j irai en bottes passez la tondeuse ...

    a force c plus du gazon c est un tapis persan tout moletonné ...

    chacun sa plage ... et une plage a chacun.

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  4. toujours les proprio privés gardent les cautions. Il ne faudrait jamais vivre dans un appart loué. Vivre ailleurs. Mais il est pourtant prévu "l'usure d'usage". Ce fut toujours cauchemardesque pour moi, voilà pourquoi j'ai la politique de ne JAMAIS payer les derniers mois, c'est interdit par la loi… mais ils n'ont pas le temps de faire quoique ce soit et ciao.
    sur le déménagement, eh vi, seule. pour m'éviter de faire faire aux meubles 3 fois le tours chacun de l'appart, je fais des plans avant.
    c'est déprimant et optimisant à la fois un déménagement

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  5. Je comprends pourquoi les agences font appelle a une personne extérieur pour faire l'état des lieux. Une poussée de haine quand tu décris ce proprio monte en moi. J'espère de tout cœur que tu récupèrera ta caution, que ce type recevra une leçon. J'ai une amie qui s'était vu réclamer une caution complète pour une tâche sur le canapé. Heureusement elle avait un article de loi hors sujet à balancer, c'était du bidon mais quand elle a exigé un devis par un tiers, loi bidon à l'appuie, la proprio s'est débinée.

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  6. juste une précision de truc livré au monde avec des breloques en entrejambes ...

    c est quoi la loi bidon le devoir a accomplir ?

    scuzez j ai perdu le sens du nord ...

    m enfin quand meme au dela de ces dites considérations sidérantes
    vous avez vraiment le courage de croire a l honetteté de loueurs malhonnettes ?

    j ai jamais fait un truc pareil lors d une location c est sur que les derniers mois y as no loyer ... ils se gardent la caution les loyers d avance grand bien leur fassent ...
    pourtant meme si j ai eu nettoyé l appartement antérieur j ai pas souvent revu la caution ...
    pire parfois il m as été proposé des frais de nettoyages a ma charge ... dans le but de recupérer la caution ...
    humour lorsque tu nous tiens ...

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  7. Quand bien même les lieux seraient "en très mauvais état" on ne peut pas garder la caution comme cela.
    On déduit de la caution une participation - dument justifiée et réglementée ! - pour la remise en état.
    L'Adil est la bonne solution en effet.

    Mais à y bien réfléchir, la seule fois où j'ai eu du mal à récupérer ma caution ce fut avec un propriétaire privé, tiens...

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