jeudi 20 janvier 2011

Dites moi si j'ai mauvais esprit !

Ce matin, cou bloqué, j’ai remué, déplacé, rempli, vidé, des caisses de céramiques, d’os, de fer hier toute la journée. C’était pour changer d’avoir passé toute la journée de mardi penchée au-dessus de mon bac de lavage, avec mes petites brosses, mes pinceaux, mes outils de dentistes. Quand on me parle des postes de travail ergonomiques, je ris. Non, je ne ris pas je hurle et je râle, j’en parle au comité d’hygiène et de sécurité, et je ne lâche pas le morceau.


Je suis chieuse quand je veux, et je l’assume. Je ne me suis pas syndiquée comme certains de mes … bref, ce qui m’intéresse c’est l’amélioration des conditions de travail et pas de me faire dégager des heures pour aller à Paris tout frais payer le plus souvent possible. C’est sympa mais ce n’est pas le but du jeu, il faudrait le préciser. Je crois dans ce que je fais, je crois dans mon syndicat, mais parfois je doute.

Je doute quand je reçois comme il y a quelques semaines un mail de mon syndicat, me proposant d’envoyer les justificatifs et les photocop des bulletins de salaires des derniers mois, pour me faire rembourser les jours de grève qui m’ont été supprimés lors des derniers mois. C’est vrai, il y en eut un paquet, et souvent j’ai eu 100 ou plus d’euros retirés pour jours non travaillés. Je précise que souvent quand je me mets en grève, je bosse tout de même pour ne pas retarder le déroulement de mon chantier. Je m’arrête juste pour la manif. Un choix comme un autre, c’est le mien. Alors je prends mes responsabilités. Si je fais grève j’assume le fait de donner mon jour de salaire. Et je ne fais pas semblant pur me le faire rembourser après. C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne donne qu’un jour, que je soutiens les mouvements, mais que je ne m’engage pas dans les mouvements illimités.

Et je repense à ce temps où je n’étais pas encore syndiquée, et où je faisais grève de la même manière, parce que je ne peux pas me permettre de perdre 4 jours de salaire dans le mois.

Et je repense à cette AG houleuse il ya quelques années où j’avais provoqué un tollé et une sortie des syndicalistes dégouttés, quand j’avais osé exprimer que la grève étant un droit la non grève l’était aussi, que je trouvais pitoyable de se faire attaquer par les « engagés », pour son non investissement total. Et j’avais exprimé de vive voix et personnellement à deux cégétistes me faisant la morale, que si je donnais 5 ou 6 jours ce mois-là, je doutais qu’ils viennent nourrir mes trois enfants à la fin du mois. Tout le monde, enfin tout le monde des engagés, fût outré que je m’exprime ainsi.

Je ne savais pas alors qu’il est facile de pousser les travailleurs à la révolte, quand sa propre révolte est protégée et confortable. Et si je l’avais su je l’aurais dit aussi.

Maintenant que je suis engagée moi aussi, je refuse totalement ces privilèges là. Je le reconnais quand j’ai reçu le mail j’ai fait mon petit calcul et je me suis dit que ce serait sympa de recevoir au moins trois cents euros la tout de suite pour combler un découvert ou payer une facture. Mais non je ne peux pas. Cela ne me semble pas honnête.



Je parle, je parle mais en fait ce n’est du tout des syndicats que je voulais parler. Mais pas du tout ! En fait je commençais parler de mes cervicales, et j’allais dire, que je me rendrai plutôt chez mon médecin ce matin qu’au boulot. Et je dois dire qu’il n’y a pas que les cervicales qui sont bloquée. Le moral va avec. Ben oui, je voulais attendre la paye pour aller chez le médecin et faire renouveler mais anti dep. Mais la paye c’est le 26 ou le 27 et on n’est que le 20. Ca fait loin. Et depuis une bonne semaine, je prends des demis tous les deux trois jours, pour tenir le plus longtemps possible. Et depuis lundi je garde le demi qui reste en cas d’extrême urgence. Mais, là, non je vais aller gratter un peu au guichet de la poste pour voir si quelque chose en sort. Je sais que oui car je sais où j’en suis. Alors tant pis pour les économies de ma future caution.

Et donc en attendant, la télévision fait bruit de fond pas loin de mon ordinateur. Télématin, pour finir ma nuit, puis je somnole pendant les deux feuilletons de l’amour de la gloire et de la beauté, puis j’entends que dans l’émission suivante on parlera du surendettement. Un bon moyen de me remonter le moral non ? En tout cas je vais tout de même écouter.

C’est Madame Davant qui annonce le sujet. Appel à témoignage, air de circonstance, « oh oui je suis Sophie Davant mais je vous comprends je compatis, et je vous regarde dans les yeux avec une larmichette en coin ».

Un genre de conseiller en économie est là pour faire plus sérieux. Et hop deux petits témoignages, et hop deux petits conseils, mais vite fait tout de même. Et paf trois questions internet, et paf deux réponse, la troisième peut aller se rhabiller.

Allez soyons généreux, le sujet a duré dans les 5 minutes pas beaucoup plus. Ah oui sois honnête méli, y’a eu un petit reportage-témoignage avec Joseph qui avait 240.000 euros de revolving !!!! Ben moi je suis petite joueuse à coté.

Mais alors ce qui m’a époustouflée c’est la légèreté avec laquelle on peut passer du drame du surendettement, à la participation aux dîners nomades, lors desquels on peut s’encanailler en allant manger dans des supermarchés, pour à peine 30 euros... 30 euros pour un surendetté c’est parfois la somme dont il dispose dans ce même supermarché pour faire ses repas pour une semaine.

Puis on passe à la thalasso-bio, avec enrobage de caramel mou au beurre salé et autres denrées comestibles. Denrées comestibles qu’un surendetté ne se tartinera pas lui sur la gueule, oh non, il les mettra dans son assiette pour les manger.

Puis on passe à Mamamia en Français au théâtre Mogador in Paris. 40 euros la place. Sympa pour un parisien non surendetté.

Je me demande si sans faire une émission totalement plombante, on n’aurait pas pu, essayer de parler de comment cuisiner ses restes quand il n’y en a pas, comment se distraire gratoch ailleurs qu’à Paris, comment se faire du bien sans gaspiller son caramel au beurre salé….

Bref madame Davant, je suis peut-être un peu aigrie, mais j’ai trouvé ça limite indécent !

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