samedi 15 janvier 2011

Aimer, c'est ce qu'il y a de plus...????

On se trompe toujours quand on est parent. On pense faire mieux ou différemment des nôtres. Ou parfois on les a trouvés tellement parfaits que l’on a peur de mal faire quand vient notre tour. Et à notre tour nous donnons ce que nous avons en nous, nos histoires, notre amour, nos trésors cachés, nos douleurs enfouies. Et à notre tour nous fabriquons un nouvel être imparfait qui lui-même en fabriquera d’autres.




Je regarde mes deux zados, puisque je ne peux plus regardes vivre ma gazelle, et je me demande ce que je suis entrain de fabriquer, en leur offrant mes colères mes douleurs et mes douceurs. Quel adulte naîtra de toutes ces erreurs ? Le nounours chamallow sera-t-il le cuisinier qu’il rêve de devenir, et la lutine deviendra-t-elle comédienne ou avocate comme elle le souhaite ? Comme le dit Khakil Gibran, je suis l’archer, ils sont la flèche. Aurais-je été un bon archer ? Mais surtout quelle sera la trajectoire de la flèche.



Je n’ai manqué de rien avec Pierrot de la lune et Mamamia. Ils m’ont donné. Tout. La vie. Le meilleur et le pire d’eux-même.

Mamamia, était une mère totale. Une de ces femmes qui justement perdent leur identité de femme à la minute où nait leur enfant. Elle aimait que ses 4 enfants soient dans son champ de vision, ne pas les perdre une seconde de vue. Les chambres devaient être collées à la sienne. Aucun éloignement possible. Nous avions de grandes maisons. Dans la première elle avait réussi à condamner le premier étage et nous dormions dans une immense pièce pleine de lits. Puis lorsque la famille s’agrandit, elle consentit à ouvrir une pièce attenante, et à laisser deux de ses enfants s’éloigner de quelques mètres. Lorsque des travaux furent faits en haut, elle accepta que tout le monde déménage en haut. Puis nous déménageâmes dans une nouvelle maison. Dans celle-ci, deux chambres en haut et deux chambres en bas, c’était parfait pour une famille nombreuse. Elle refusa l’exil des ados et la chambre particulière pour chacun. Nous nous groupâmes donc à deux par chambre, juste collés au salon dans lequel les parents dépliaient le canapé tous les soirs. Enfin, au gré d’une mutation paternelle, nous atterrîmes dans une immense maison, avec 5 immenses chambres. Nous avions entre 12 et 18 ans. Chacun eut enfin sa chambre à l’étage. Celle des parents étaient en bas. Mamamia fit une dépression. On m’avait protégée d’un départ en fac à Bordeaux, en m’inscrivant dans une fac de bayonne où j’étudiais le droit, parce que ce n’était nullement mon désir. Heureusement, mes résultats étaient tellement catastrophiques, et j’avais excellé dans le sabordage de cette première année de fac, qu’enfin, on consentit à me laisser faire mon choix. Et je partis à Bordeaux. Ouf !!! On peut dire que je n’étais pas vraiment armée pour l’indépendance, et que ce fût difficile au début. Heureusement le carcan est tombé. Bordeaux-Bordeaux 30 ans d’arrêt pour l’instant.

Soeurette courage, elle, qui avait la révolte en elle et surtout une très grande envie de rire et de s’amuser, ne prit pas le chemin de la fac, et l’on réussit à la maintenir un moment dans le champ de vision. Tout eut été parfait si un jeune garçon ne l’emporta un jour sous son bras avec leur premier enfant. Montpellier-Montpellier, vingt ans d’arrêt…. Cela fut considéré comme un vol manifeste. Une imprudence qui allait mener à la ruine. Il fallut de longues années à Mamamia et Pierrot de la lune pour accepter l’idée que Soeurette ne reviendrait que pour les vacances. Je sais combien soeurette souffrit de les voir souffrir. Elle aurait voulu que

l’on croit à son bonheur, et que l’on accepte qu’il soit possible loin du cocon-poulailler familial.

Frérot, lui, usa d’une autre méthode. Il se transforma en vilain petit canard. Surdoué au QI impressionnant, en échec scolaire, sécheur de cours depuis le cathéchisme, punk à la crête vert fluo, écriveur de chanson , gros mots, dessineurs de flip-books sanglants, dormeur dans les baignoires pleines, des nuits entières, un livre à la main, il prit tous les petits boulots que Pierrot de la Lune lui dégota à moins de 5 kilomètres de la maison. Il les saborda tous. Sans malice. Puis il fit son baluchon pour aller tailler la pierre à Bordeaux. Bordeaux Bordeaux, 20 ans d’arrêt.

Quand à soeurette fachée. Je ne peux pas trop parler d’elle, mais tant pis. Pour elle cependant, je suis ici chez moi et je dis ce que je veux, pour elle donc ce fut plus compliqué et moins clair. Elle aussi avait la révolte en elle. Elle aussi farfouilla dans une scolarité un peu hésitante, obligeant l’instit de la république, à inscrire sa fille dans un lycée de bonnes sœurs. J’ai un peu oublié le déroulement des évènements mais ce que je sais c’est que soeurette fâchée, ne savait quel chemin choisir au sortir du Lycée. Quant un jour, pierrot de la lune, qui lui avait quitté le nid familial très jeune, mit son nez dans l’avenir de sa dernière née. Lui qui justement ne trouvait pas ou très difficilement sa place dans le cocon dont il était il faut le dire totalement exclu avait tracé sa route. Il avait trouvé refuge dans les mots, l’alcool, l’écriture, sa classe, son bureau, ses livres. Au retour d’une des ses réunions-prétexte pour fuir sa maison prison, il revint, avec une nouvelle qui allait vraiment faire sensation. Il avait rencontré dans une réception ou dans un bar, je ne sais, une connaissance dont la fille était partie vivre à …. Minéapolis-Minessota. Oui et …. Donc ???? Et bien des amis de cette jeune fille cherchaient avec une jeune fille au pair pour un an. Je passe sur le psycho-drame qui suivit, mais en septembre suivant pour soeurette fâchée ce fut Minnepolis, un an d’arrêt.

Souffrance, déchirement, pleurs, déprime, échange de lettres. Soeurette était finalement bien séparée de la famille par un océan. Elle y rencontra même l’amour. Mais à peine le pied remis dans le cocon celui-ci se referma à nouveau sur elle. Elle resta là. Puis la maladie de Pierrot de la Lune et celle de mamamia scellèrent définitivement le cocon sur elle.



Ces parents-là, une fois partis nous ont laissé un cocon vide dans lequel nous avons du mal à nous retrouver. Je me souviens d’avoir été aimée. Je ne me souviens pas de mots d’amour, jamais. Pas de bras qui m’enserrent, pas de caresses, pas de tendres baisers, jamais de je t’aime. Rien qui passe par le toucher, par le corps. En nous gardant sous son œil protecteur, en emplissant les placards de douceurs, de biscuits, de crèmes, en réparant des repas savoureux, mamamia nous disait « je t’aime ». Pierrot de la Lune lui, suivait notre scolarité pas à pas, en tout cas la mienne. Il racontait des histoires, son histoire celle des autres, composait des bouquets de fleurs sauvages, expliquait les insectes et la flore et nous disait ainsi je t’aime.

Le mot m’a manqué, les gestes de tendresse aussi, les caresses tendres.

Mamamia m’a dit un jour je ne te l’ai pas dit mais je te l’ai montré. Ce « je t’aime », il avait tant de mal à sortir.

On aime comme on peut et comme on a été aimé.

Etre parent c’est si difficile….

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