mardi 21 décembre 2010

Qui a la carte du Monopoly pour moi ?

Pour continuer sur le sujet qui me préoccupe, et mon étalage de tartines de merdes, je vais raconter ce que je cumule de casseroles dans ma batterie. Il y eut ma fulgurante et géniale idée de donner mon fric un jour à la banque directe. Direct tu rentre dedans cette banque si ton salaire dépasse le seuil des 10.000 francs mensuels dans les années 2000. Direct quand tu ouvres ton compte on t’offre royalement une souris et un clavier sans fils, ou je ne sais trop quel gadget qui à cette époque là, n’était pas un cadeau bidon. Direct tu reçois de jolis classeurs pour trier tes papiers. Direct tu vois ton compte sur ton ordi. Direct tu suis tout par téléphone. Tout est direct, de toi à l’écran, de l’écran à toi. Plus besoin de te coltiner la sale tronche libidineuse du banquier ventripotent qui croit qu’il est le maître du monde, juste parce qu’il gère ton compte. Le mien me rappelait un personnage de l’étranger de Camus, et il m’insupportait. Donc dans la banque Directe ce qui fut direct c’est ma sortie de route en Janvier 2002. Divorce, je me répète, mais c’est tellement vrai et pour tant de monde. Et moi qui me prends toujours pour une petite travailleuse qui gagne assez pour couvrir de cadeaux toute la famille, l’ex-belle famille, les amis… et me voilà à découvert avec plus de mari pour réparer l’erreur…. Et c’est là que, plus DIRECT tu peux vraiment pas, la Banque du même nom me vire à la minute. Premier mail pour me prévenir que je suis à découvert, qu’attention !!! Un petit courrier suit. J’appelle sur mon numéro qui m’est réservé juste à moi avec mon code d’accès sécurisé qui ne répond pas. Deuxième mail pour me dire que fais gaffe t’es mal, ça va chier pour ton matricule. J’appelle et toujours pas de réponse. Puis un vrai courrier en papier me dit juste que je suis direct virée de la banque directe à la minute même et que direct mon découvert est passé au contentieux avec direct un numéro à appeler pour voir comment je règle le problème le plus direct possible. Evidement, il m’est devenu impossible de parler à aucun être humain, car mes codes d’accès ont été annulés DIRECT. Bien entendu, plus d’accès internet non plus. Je n’existe donc plus pour cette banque, du jour au lendemain. La règle est devenue la suivante :


Seul interlocuteur, le service contentieux, externe à la banque bien sûr.

Mon découvert est environ de 600 euros car nous y sommes maintenant à l’euro.

Le contentieux me demande 1700 euros de frais à régler au plus vite qui ne correspondent pas du tout au découvert mais aux agios, pénalités, au frais de correspondance, c'est-à-dire les deux lettres d’avertissement direct plus le courrier contentieux direct.

Je dois bien sûr par ailleurs régler les 600 euros et bien sûr m’acquitter des frais de rejets avec un timbre-amende par chèque émis.

Ce qui a été direct pour moi ce jour là c’est la panique et l’impression de trébucher au bord d’un énorme précipice sans pouvoir me raccrocher à aucune branche.

Il est évident qu’aucune négociation, aucun dialogue, n’était désormais plus possible. Pas un seul être vivant humain à qui parler.

C’est donc dans cet instant là que je me tournais pour rembourser les 1700 euros de frais occasionnés par ce dépassement dû à ces maudits cadeaux de Noël, que je me tournais donc vers une des réserves d’argent « miracle ».

Inutile de dire que j’étais désormais interdite bancaire Direct sur toute la planète. Grand escroc international fiché au grand truandisme des abuseurs de chéquiers.

C’est d’ailleurs dans le mois suivant que mon employeur changeant de statut a eu la bonne idée, de ne pas enregistrer mon changement de coordonnées bancaires, et a persisté à envoyer pendant deux mois mon salaire à la Banque Directe, qui Direct ne bougeait pas. Je suis donc restée deux mois sans salaire. Février, Mars, revenu zéro. Revenu qui va de mon employeur à mon ancienne banque et vice versa. Mais en tout cas ne passe pas par moi. Aux abois. Avec un propriétaire collé derrière la porte de ma maison chaque fois que je l’ouvre avec le montant du loyer brandi devant mes yeux. Et hop un petit coup dans un autre revolving. La machine s’emballe. Plus le temps de réfléchir calmement. Mon ancienne banque accepte de réactiver mon compte qui sommeillait depuis deux ans. Entre temps le libidineux a été muté. Une gentille jeune fille m’accueille, m’écoute et je le dis me soutient.

Je reste interdite bancaire toutefois car je n’ai pas pu régler les 600 euros de chèque et les timbres fiscaux.

La BD ne me poursuit plus, ce n’est plus son problème depuis que les 1700 euros sont réglés. Le reste est à régler avec mes débiteurs et la Banque de France.

Pendant deux ans, je n’ai plus eu ni carte bleue ni chéquier. Juste des billets quand le compte était positif. Je pouvais aller retirer aux guichets de ma banque. On me donnait ou pas une carte à usage unique et j’avais droit à quelques billets pour me nourrir, et faire quelques achats. J’ai souvent pleuré dans le bureau de ma chargée de compte, aux abois, pitoyable et honteuse. Car que n’étais-je aux yeux de tous sinon quelqu’un qui n’avait pas su gérer. Aux yeux des proches, amis, famille, dépensière, insouciante, je n’avais que ce que j’avais cherché. Peut-être…. Il y a déjà dix ans que je paye pour ce dérapage incontrôlé. C’est une lourde peine. Au monopoly on tire parfois une carte « vous êtes libéré de prison » ou « erreur de la banque en votre faveur »….

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