dimanche 23 mai 2010

Je ne suis pas un jardin à la française

J’avais envie d’un jardin.
J’avais envie de cueillir.
J’avais envie de fraises et de basilic, de capucines et de rhubarbe.
J’avais envie de sieste dans un hamac, envie de bissap frais posé sur une table en mosaïques.
J’avais envie de soirées chaudes sur ma terrasse de ville.
J’avais parlé avec l’ami-amant de jardins en carré, il m’en avait montré. J’en avais envie.
C’était l’hiver et je rêvais d’envies de printemps et d’été.
Mai se termine. Je pense à mes envies. La terrasse est encombrée d’une armoire de récup en attente d’idées de restauration. Elle s’abîme. Elle aura une patine de vieux meuble qui a souffert. Je dois toujours amener le vieux congelo en panne à la décharge, mais je n’ai plus de voiture. Il voisine avec de vieux bols cassés, des tessons antiques, une jolie lampe marocaine qui rouille, du bois, du fer, de la pierre. J’ai mis dans un coin les poubelles de tri, menacée d’amende si je les laissais encore sur le trottoir. Bordeaux ville classée qui interdit les poubelles sous peine d’amende mais ne se soucie pas de toutes les merdes de chiens qui jonchent le trottoir.
Dans le jardin le rosier ploie sous ses fleurs jaunes. Il croise et se mêle aux branches de l’aubépinier et à ses fleurs blanches. Les pétales tombent sur le banc de pierre, et envahissent la nappe qui cache la table jaune des ravages du temps. Les pierres du sol disparaissent sous les plantes sauvages. La menthe a repousse dans le vieux tiroir de bois transformé en bac à fleurs. Elle se fait sauvage. Les balsamines et la chélidoine prolifèrent. Ca tombe bien je vais pouvoir traiter mes verrues avec le suc. Les vieilles feuilles de l’automne passé font un tapis sous la verdure.
Finalement j’aime cet endroit qui ne ressemble à rien, sauf à moi. Je ne suis pas un jardin à la française. Ma vie n’a rien en commun avec ces arbustes taillés où aucune feuille ne dépasse. Elle et faite de branches folles et qui s’emmêlent. Les fleurs surgissent, puis fânent et d’autres viennent. Hier j’étais joyeuse, puis j’ai pleuré, ce matin je traîne en pagne prête pour une journée cocooning à l’ombre, puis on sonne. Deux amies qui m’ont écoutée pleurer hier soir au téléphone, viennent me chercher pour un restau. J’ai une heure pour tomber le pagne, m’habiller et me coiffer un peu. Comme dans le jardin, les petits bonheurs poussent dans ma vie. Surprenant, désordonnés, imprévus et je les laisse venir à moi. Ma gazelle me manque. Son silence pèse lourd et il s’installe comme une douleur sourde au fond de mon cœur.

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